La populaire plate-forme chinoise de vidéos Douyin a censuré le dessin animé britannique Peppa Pig. Au moins 30 000 vidéos mettant en scène la petite truie et sa famille ont été retirées la semaine dernière et le mot-clé #PeppaPig était également banni du site, a rapporté lundi 30 avril le quotidien officiel Global Times. Les épisodes restaient toutefois disponibles sur d’autres plates-formes, comme Youku ou iQiyi, constatait le New York Times.

Peppa Pig est vivement critiqué en Chine par les médias d’Etat, qui dénoncent sa transformation en symbole de la « sous-culture », en icône « subversive » d’une jeunesse « oisive » et antisociale. Ce programme pour jeunes enfants de la BBC, traduit en mandarin au milieu des années 2000, connaît une grande et curieuse popularité dans le pays depuis la fin de l’année dernière auprès des jeunes adultes et de célébrités du Web chinois.

Peppa Pig Français | Le Cochon du milieu (épisode complet) #PPFR2018
Durée : 04:49

Détournements, humour noir et pornographie

En janvier déjà, des médias officiels dénonçaient la prolifération de faux épisodes, « mèmes » et détournements de Peppa Pig, de parodies d’humour noir ou ouvertement pornographiques. La popularité « virale » du dessin animé illustre « une soif de nouveautés et de satire susceptible de nuire au moral de la société », affirme le Global Times.

Le Quotidien du peuple, porte-voix du Parti communiste chinois, au pouvoir, a sonné la charge jeudi 26 avril, dénonçant les effets pervers d’une « commercialisation » de Peppa. « Nombre d’écoliers cherchent à se différencier en rivalisant de montres ou d’accessoires Peppa Pig », au profit des « fabricants de contrefaçons », s’alarme-t-il. Le Global Times évoquait de son côté une « addiction » des enfants qui pousserait certains « à grouiner et à sauter dans les flaques ».

Peppa n’est pas le premier personnage de dessin animé à s’attirer les foudres du régime chinois : Winnie l’ourson a été largement censuré parce que les internautes s’en servaient pour parodier le président Xi Jinping.

Par ailleurs, le groupe Bytedance, qui administre Douyin, ne s’est pas exprimé sur ce retrait. Il a été récemment épinglé pour son agrégateur de contenus d’actualité Toutiao, sanctionné pour avoir permis à ses usagers d’échanger des blagues grivoises. Toutiao avait alors promis de porter à 10 000 le nombre de ses modérateurs, selon l’Agence France-Presse.