Agressions sexuelles : le taekwondo américain dans la tourmente
Agressions sexuelles : le taekwondo américain dans la tourmente
Le Monde.fr avec AFP
Quatre sportives ont porté plainte contre le comité olympique américain et la fédération américaine de taekwondo, accusés d’avoir couvert les agressions sexuelles dont elles étaient victimes de la part de deux entraîneurs.
Quatre sportives ont porté plainte contre le comité olympique américain (USOC) et la fédération américaine de taekwondo (USA TKD), accusés d’avoir couvert les agressions sexuelles dont elles étaient victimes de la part de deux entraîneurs.
Heidi Gilbert, Mandy Meloon, Amber Means et Gaby Joslin ont porté plainte devant un tribunal du Colorado vendredi 4 mai pour « deux décennies d’abus sexuels, d’exploitation et de trafic d’athlètes de l’équipe américaine olympique de taekwondo par les dirigeants, entraîneurs et mentors, qui auraient dû les protéger ». Selon elles, il s’agissait de « prédateurs sexuels » bien connus.
La plainte cite l’ancien entraîneur de l’équipe olympique de taekwondo Jean Lopez et son frère Steven, double champion olympique. Le Centre américain pour un sport sûr (Center for SafeSport), organisation qui promet le respect et lutte contre les abus dans le sport aux Etats-Unis, a notamment suspendu à vie Jean Lopez de toute compétition mondiale de taekwondo, et Steven Lopez a reçu une interdiction temporaire pendant que l’enquête le concernant se poursuit.
Mise à l’écart après avoir dénoncé un viol
Mandy Meloon, double championne du monde, disait en 2007 avoir été violée dix ans plus tôt pas Jean Lopez lors des Championnats du monde en Egypte, alors qu’elle n’était âgée que de 15 ans. Ecartée de l’équipe après cette dénonciation, elle en avait appelé à l’USOC pour tenter de faire bouger les choses.
« Depuis au moins 2007, l’USOC et USA TKD ont sciemment protégé, donné des responsabilités, légitimité, autorité et confiance à Jean Lopez en lui confiant le poste d’entraîneur de l’équipe américaine, ainsi qu’à son frère Steven, qui était la superstar de l’équipe », dit la plainte. « En agissant ainsi, ils ont exposé des centaines de jeunes athlètes à deux prédateurs sexuels adultes, l’entraîneur de l’équipe américaine de taekwondo et son propre frère », poursuit le texte, qui accuse l’USOC et USA TKD d’avoir protégé les deux hommes au prétexte qu’ils rapportaient médailles et richesse à la fédération.
Heidi Gilbert accuse Jean Lopez de l’avoir agressée sexuellement après des compétitions en Equateur en 2002 et en Allemagne en 2003. Selon les plaignantes, les sportives voulant être sélectionnées dans l’équipe américaine « n’avaient d’autre choix que de se soumettre aux demandes sexuelles des frères Lopez ».
Dans une réponse au New York Times et à USA Today, le porte-parole de l’USOC, Patrick Sandusky, a souligné que le comité olympique américain cherchait à tout prix à « soutenir et à protéger les athlètes ». Il a également rappelé que différentes décisions avaient été prises, dont le lancement du Center for SafeSport, « pour mieux protéger les athlètes de ces actes odieux ». USA TKD n’a pas souhaité commenter une affaire de justice en cours.
L’USOC a déjà été accusé, ainsi que la fédération américaine de gymnastique, des multiples agressions sexuelles de jeunes gymnastes perpétrées par l’ancien médecin de la fédération Larry Nassar. Ce dernier a été condamné à cent soixante-quinze ans de réclusion pour avoir agressé au moins deux cent soixante-cinq victimes durant deux décennies. Dans la foulée de cet immense scandale, le patron de l’USOC Scott Blackmun avait démissionné en février.