C’est une main « tendue mais ferme » qu’offre Matignon. Pour la première fois depuis le début du conflit ferroviaire, le premier ministre Edouard Philippe rencontre, lundi 7 mai, les syndicats de cheminots afin de prolonger les discussions sur la réforme votée par l’Assemblée nationale, le 17 avril dernier.

Il s’agit de la réponse à un précédent courrier signé des quatre organisations syndicales (CGT Cheminots, Unsa ferroviaire, SUD-Rail et CFDT Cheminots) et qui interpellait, le 20 avril, le premier ministre sur la méthode de concertation et leur refus de participer aux discussions avec la ministre des transports, Elisabeth Borne.

Après avoir refusé dans un premier temps de les recevoir, le premier ministre les rencontrera lundi à partir de 8 heures les fédérations de cheminots, accompagnées de leurs responsables confédéraux. L’Unsa lancera le bal, puis ce sera au tour des délégations CGT, CFDT, SUD-Solidaires, puis FO. Dans l’après-midi, le patronat du rail, la direction de la SNCF, des associations d’usagers et des représentants des régions seront reçus tour à tour par Édouard Philippe et Élisabeth Borne.

Dans le même temps, la huitième séquence de grève à la SNCF débute lundi à 20 heures pour se terminer jeudi à 7 h 55.

« Les grévistes iront au bout »

A Matignon, les échanges promettent d’être animés entre les syndicats de cheminots, en grève depuis un mois contre une réforme qu’ils jugent inutile et stigmatisante, et un gouvernement qui ne dévie pas de son objectif initial.

« Nous ne reviendrons pas sur l’ouverture à la concurrence, nous ne reviendrons pas sur la réorganisation de l’entreprise et sur la fin du recrutement au statut », répète à l’envi Édouard Philippe. Ces trois sujets ne sont « pas négociables » car « c’est ce qui fera le succès du service public ferroviaire demain », a insisté dimanche sur BFM-TV le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.

« S’il veut sortir du conflit », leur a répondu Laurent Brun, numéro un de la CGT Cheminots dimanche soir, « il faudra que le gouvernement bouge sur sa réforme ». « Les grévistes iront au bout », a-t-il prévenu sur BFM-TV.

SUD-Rail, qui refuse de négocier « des accompagnements » au projet gouvernemental, organise une manifestation lundi matin à Paris, près des Invalides, qui devrait se poursuivre à Montparnasse à la mi-journée.

Dans une impasse

Si Laurent Berger, numéro un de la CFDT, voit dans le rendez-vous de lundi « un acte d’ouverture », il réclame, dans un entretien aux Echos, « des engagements clairs » sur la reprise de la dette, la politique d’investissement de l’Etat et « la garantie » d’une « convention collective de haut niveau ».

Du côté du gouvernement, on insiste sur le caractère « indispensable » de la réforme, adoptée mi-avril en première lecture à l’Assemblée. « L’approche du premier ministre n’a pas changé : sa main est tendue mais elle reste ferme », explique-t-on à Matignon. Édouard Philippe a rappelé « qu’il ne reviendrait pas sur les grands axes de cette réforme mais qu’il restait encore des éléments à préciser d’ici l’examen du texte au Sénat, le 23 mai, notamment au sujet du modèle économique de la SNCF et de sa dette ».

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Durée : 03:45

L’État s’est engagé à reprendre progressivement, à compter du 1er janvier 2020, une partie de la dette de SNCF Réseau, qui atteignait 46,6 milliards d’euros fin 2017 et continue de s’alourdir. La question qui sera débattue lundi à Matignon c’est « quel montant, à quel rythme, sous quelle forme », a résumé Bruno Le Maire dimanche. Les syndicats, qui ne placent pas le sujet en tête de leurs préoccupations, ont d’ores et déjà promis une « journée sans cheminot » le 14 mai en cas « d’échec » des discussions. Le texte sera porté devant le Sénat le 23 mai en commission, le 29 mai en séance.

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