Quelques jours après la vente, pour plus de 600 000 euros, d’une illustration d’Hergé, c’est l’œuvre d’un autre grand maître de la bande dessinée — japonaise cette fois — qui s’envole à prix d’or. Une planche rarissime du mangaka Osamu Tezuka (1928-1989), représentant son célèbre petit robot, Astro Boy, a été vendue aux enchères au prix record de 269 400 euros, soit cinq fois le montant estimé, samedi 5 mai à Paris, selon la maison Artcurial.

La planche de Tezuka a donné lieu à la plus haute enchère de la vente, qui comptait des lots de prestige, telle une planche d’Albert Uderzo extraite de La Galère d’Obélix, partie au prix de 123 500 euros.

« C’est un record mondial pour cet artiste, dont il existe très peu de références sur le marché », dit Eric Leroy, expert en bande dessinée chez Artcurial, qui précise que l’acheteur est « un collectionneur européen qui en rêvait depuis longtemps ».

Cette planche de 35 cm sur 25 cm, qualifiée de « pièce de musée » par la maison de ventes, date de 1956-1957 et fut exécutée à l’encre de Chine et à l’aquarelle. Composée de six cases, elle met en scène le robot aux traits de garçonnet en train de combattre un méchant. Elle était au départ estimée entre 40 000 et 60 000 euros.

Personnage de manga le plus célèbre au monde

Publié entre 1952 et 1968, Astro Boy est le héros le plus connu de Tezuka, et même probablement le personnage de manga le plus célèbre au monde. Devenu une sorte d’emblème du Japon, Astro est un défenseur de la justice écartelé entre deux mondes qui tous deux le rejettent, celui des hommes et celui des machines. Astro a également fait l’objet de plusieurs séries de dessins animés à la télévision.

Aux côtés d’Hergé ou de Jack Kirby, Osamu Tezuka est l’un des auteurs les plus importants de l’histoire de la bande dessinée. Mangaka au firmament dans le Japon d’après la seconde guerre mondiale, il fut un créateur prolifique, à qui l’on attribue plus de 150 000 planches et environ 400 livres en plus de quarante ans de carrière. Grand amateur du travail de Walt Disney, de théâtre et de cinéma, le père d’Astro Boy et du Roi Léo sera l’un des premiers bédéastes japonais à connaître le succès en dehors de l’Archipel.

Trente ans après sa mort, son influence dans l’univers du manga reste considérable. Le Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême lui a rendu hommage cette année à travers une exposition rétrospective inédite. A l’occasion des 90 ans du maître, en 2018, les éditeurs republient nombre de ses séries.