Daniel Ortega, lors d’un discours à Managua, le 30 avril. / OSWALDO RIVAS / REUTERS

Les évêques ont assumé leur rôle de médiateurs avec brio au Nicaragua. Le président Daniel Ortega a accepté, vendredi 11 mai, les deux conditions « préalables » à tout dialogue, posées par Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN) : la fin de la répression des manifestations, et que la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) soit autorisée à enquêter sur les circonstances de la mort de 49 personnes, depuis le début de la vague de contestation sociale.

« Nous acceptons de travailler sur chacun des points soulevés [par les évêques] en tenant compte du fait que chacun fait preuve de bonne volonté, les médiateurs comme les témoins », a répondu M. Ortega dans une lettre adressée à la CEN. Le président a ajouté qu’au sein du gouvernement « nous sommes tous prêts à cet appel au dialogue, aussitôt que possible, pour la paix de l’esprit de tous les Nicaraguayens ».

Quelque 700 personnes ont été blessées et d’autres portées disparues lors des manifestations contre le gouvernement qui ont débuté mi-avril.

La répression dénoncée

Une manifestante réclame la « justice pour les morts », lors d’une manifestation, jeudi 11 mai. / OSWALDO RIVAS / REUTERS

Le président Daniel Ortega, au pouvoir de 1979 à 1990 puis depuis 2007, a appelé à un grand dialogue national et souhaité que l’Eglise catholique joue le rôle d’intermédiaire. Les étudiants, à l’origine de cette vague de contestation, et les représentants de la société civile ont annoncé vendredi être à prêts à dialoguer, en dépit de la répression brutale des dernières heures. Vendredi à l’aube, des affrontements entre la police et des étudiants, sur deux campus de la ville, ont fait deux morts et au moins dix blessés.

Le gouvernement doit « cesser immédiatement et absolument toute répression de la société civile protestant pacifiquement et assurer l’intégrité physique des étudiants et des personnes participant au dialogue national », ont exhorté les évêques. Ils ont exigé qu’Ortega « donne des signes crédibles de sa volonté de dialogue dans le respect de la dignité et de la liberté du peuple ».

Une vague de contestations a saisi le Nicaragua le 18 avril à l’annonce d’une réforme des retraites, abandonnée depuis, et les étudiants sont sortis dans la rue pour protester. La brutalité des forces de l’ordre, condamnée par la communauté internationale, a rapidement incité de nombreux autres habitants à rejoindre le mouvement, qui dénonce plus généralement la confiscation du pouvoir par le président Ortega.

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