Cannes 2018 : « Teret », le salaire de la peur version serbe
Cannes 2018 : « Teret », le salaire de la peur version serbe
Par Mathieu Macheret
En plein conflit dans l’ex-Yougoslavie, un chauffeur achemine des poids lourds jusqu’à Belgrade. Un premier long-métrage d’Ognjen Glavonic trop littéral.
En 1999, alors que les bombes de l’OTAN pleuvent sur la Serbie, en plein conflit armé avec le Kosovo séparatiste, Vlada (Leon Lucev) se fait quelques dinars en acheminant pour le compte de l’armée des poids lourds jusqu’à Belgrade. Non sans respecter une stricte recommandation : ne surtout, surtout pas ouvrir la porte arrière, fermement cadenassée.
Teret (La Charge/The Load), premier long-métrage de fiction d’Ognjen Glavonic, 33 ans, repose sur une rétention, maintenant longtemps dans le hors-champ la nature de la cargaison. Mais à force de tourner autour du pot, le film finit par se suspendre entièrement à ce point aveugle et obsédant, ce « non-su » qui concentre en lui tout propos et toute signification.
Réalisme désolé
Par ailleurs, le film enrobe ce suspense minimal d’un réalisme désolé, collant son nez à la sinistrose d’un pays en crise. Que la cargaison taboue ait à voir avec la guerre, et plus encore avec la honte et la barbarie de celle-ci, devient peu à peu flagrant.
A la fois sous-signifiant et trop littéral, Teret ne prend des couleurs qu'à l’occasion de rencontres afférentes que Vlada fait sur son chemin : un adolescent fugueur, une noce, son propre fils au bout du chemin… Autant de signes d’une vie qui pourrait peut-être, un jour, recommencer.
THE LOAD (TERET) by Ognjen Glavonić Trailer
Durée : 01:27
Film serbe, français, croate, iranien et qatari d’Ognjen Glavonic. Avec Leon Lucev, Pavle Cemerikic, Tamara Krcunovic, Ivan Lucev, Igor Bencina (1 h 38). Sur le Web : www.nourfilms.com/la-charge et www.quinzaine-realisateurs.com/film/teret