L’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a regretté que « les initiatives américaines jettent de l’huile sur le feu ». / RONEN ZVULUN / REUTERS

Au lendemain de la journée la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis 2014, avec au moins 58 morts et plus de 1 350 blessés, la plupart par les balles de l’armée israélienne, des voix se sont élevées au sein de la classe politique française pour dénoncer l’emploi de la force par l’armée israélienne.

Dans un communiqué publié lundi 14 mai soir par l’Elysée, Emmanuel Macron a « condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants » palestiniens à Gaza, lors d’entretiens téléphoniques avec son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, et avec le roi de Jordanie, Abdallah II.

« Sortir de cette diplomatie molle »

Une réaction jugée insuffisante par une partie de la gauche française, d’autant qu’un premier communiqué émanant du ministère des affaires étrangères s’était contenté « d’appeler l’ensemble des acteurs à faire preuve de responsabilité afin d’éviter un nouvel embrasement ».

Sur Twitter, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a exhorté la France à « condamner les massacres à Gaza », ainsi qu’à « convoquer l’ambassadrice d’Israël à Paris pour qu’elle s’explique ». Très remonté, le député du Parti communiste français (PCF) Pierre Dharréville a aussi dénoncé l’action du gouvernement français et, jugeant qu’il fallait « sortir de cette diplomatie molle », a appelé à « des condamnations franches, qui ont beaucoup tardé de la part de l’exécutif de notre pays ».

Dénonçant à son tour une « diplomatie naïve », Sébastien Jumel, également député du Parti communiste français, a ajouté que « la France d[evai]t jouer son rôle pour redonner du sens à une logique de paix ». A l’instar de Jean-Luc Mélenchon, la convocation par la France de l’ambassadrice d’Israël en France « aurait du sens » à ses yeux.

Les Etats-Unis « jettent de l’huile sur le feu »

Interrogé sur RTL, l’ancien socialiste Benoît Hamon a lui aussi dénoncé, mardi, l’« usage de la force totalement disproportionné de la part du gouvernement israélien, soutenu par les Etats-Unis, contre des manifestants non armés ».

Le fondateur du mouvement Génération-s a fustigé les décisions du président américain, Donald Trump, « directement responsable d’un bain de sang, avec le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou », et a encouragé les Européens à « reprendre le chemin de l’action » et à cesser d’être les « supplétifs de la stratégie américaine ». M. Hamon suggère à la France et à l’Union européenne de « reconnaître l’Etat de Palestine. »

Déplorant de la « décision incendiaire du président Trump d’installer à Jérusalem la capitale d’Israël », Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs Les Républicains (LR) a lui aussi regretté sur CNews que « les Etats-Unis, (qui) ont été longtemps pour l’Occident une garantie de sécurité », soient aujourd’hui « des fauteurs de trouble ».

« Ce qui est désolant, c’est que les initiatives américaines jettent de l’huile sur le feu, a renchéri sur Public Sénat l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui regrette que la solution diplomatique de deux Etats israélien et palestinien distincts soit mise à mal. Nous sommes dans une situation maintenant où la perspective de deux Etats, qui était la perspective de la communauté internationale pour une issue vers la paix, est en train d’être progressivement abandonnée. »

« On attend autre chose d’Israël »

La politique israélienne à l’encontre des populations palestiniennes a également été dénoncée par Bruno Retailleau. « Il y a une vérité dans les relations internationales (…), c’est qu’on ne doit jamais acculer un peuple à la désespérance. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui avec le peuple palestinien », a mis en garde le sénateur de la Vendée, qui « attend autre chose d’Israël qu’un comportement de ce type ».

A contre-courant des déclarations à l’encontre de l’Etat hébreu, le député Front national (FN) des Pyrénées-Orientales, Louis Aliot, a accusé le Hamas d’avoir « poussé les masses palestiniennes à franchir la frontière ». « Les Israéliens ont défendu la frontière », a-t-il ajouté sur Sud-Radio. Comme Benoît Hamon, il se dit « favorable à la reconnaissance d’un Etat palestinien », mais « avec la garantie de la sécurité d’un Etat israélien reconnu par les autres pays arabes ».