Le PS face au difficile « chantier » des européennes
Le PS face au difficile « chantier » des européennes
Par Astrid de Villaines
Les eurodéputés socialistes Emmanuel Maurel et Christine Revault d’Allonnes doivent définir un programme avant octobre. En ligne de mire, la délicate tâche de trouver une tête de liste pour le scrutin de mai 2019.
C’était la « priorité » d’Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste. Le « chantier » consacré à l’Europe pour préparer les élections européennes de mai 2019 a été ouvert mardi 15 mai, lors d’un bureau national. Deux députés européens en prennent la tête : Christine Revault d’Allonnes et Emmanuel Maurel, représentant de l’aile gauche qui a longuement hésité avant d’accepter. Ils seront accompagnés de deux rapporteurs, les députés Boris Vallaud, également secrétaire national chargé de l’Europe, et Marietta Karamanli, proche de Stéphane Le Foll.
Ce chantier doit élaborer un programme pour des élections historiquement très compliquées pour le parti qui ne s’est jamais remis de ses divisions lors du référendum de 2005. « J’ai envie qu’on sorte des sentiers battus de la social-démocratie et qu’on arrête de dire “Et maintenant l’Europe sociale” qui ne se produit jamais », explique M. Maurel. « Nous sommes européens, mais pas eurobéats », affirme Mme Revault d’Allonnes, en référence à Emmanuel Macron qui va jouer à fond la carte européenne et qui peut prendre des voix au PS.
Une tête de liste difficile à trouver
Autre question majeure à résoudre avant le mois d’octobre, date de la fin du chantier : qui pour mener la liste ? L’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira a été approchée, mais elle a décliné. Najat Vallaud-Belkacem, aujourd’hui directrice de collection chez Fayard et membre de la direction de l’institut de sondages Ipsos, s’est mise en retrait de la vie politique : « Je suis heureuse là où je suis », évacue-t-elle.
Le commissaire européen chargé des affaires économiques, Pierre Moscovici, est disposé à conduire la liste mais bon nombre de socialistes émettent des réserves à l’évocation de son nom. « Ce n’est pas le renouveau », dit le sénateur David Assouline. « Ce serait rédhibitoire », ajoute sa consœur du palais du Luxembourg Marie-Noëlle Lienemann. « Je ne veux pas être le candidat d’un parti qui traîne les pieds avec une liste de grognons », répond l’ancien ministre de l’économie. « Moscovici est la roue de secours d’Olivier Faure. S’il ne trouve personne d’autre, il le prendra », avance une source parlementaire.
Un autre ex-ministre de François Hollande a récemment fait une offre de service à Olivier Faure : Christian Eckert. « Je me suis déclaré disponible, confirme l’ancien ministre du budget. Je n’ai pas une grande notoriété, mais il y a une sorte de vide, et beaucoup dont je suis voient d’un mauvais œil la candidature de Pierre Moscovici. » Pour l’instant, les socialistes semblent au moins d’accord sur un point : leur opposition à la candidature du commissaire européen.