Pour l’avocat de Donald Trump, une inculpation du locataire de la Maison Blanche est improbable. Sur les chaînes CNN et Fox News, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani a assuré mercredi 16 mai que « l’équipe du procureur spécial Robert Mueller a conclu qu’elle ne pouvait pas inculper un président en exercice », quelles que soient les preuves qu’elle pourrait amasser contre lui dans l’enquête russe.

« Ils ne peuvent pas inculper. En tout cas, ils l’ont reconnu auprès de nous après qu’on ait lutté, ils l’ont reconnu. »

En effet, Robert Mueller, chargé de déterminer s’il y a eu une collusion entre la Russie et l’équipe de campagne de Donald Trump dans le cadre de l’élection de 2016, a accepté de se conformer à un texte du ministère de la justice. L’interprétation légale de ce document, jamais évoqué jusqu’ici, veut qu’un président en exercice ne puisse pas être inculpé. « Tout ce qu’ils peuvent faire c’est faire un rapport [au ministère de la justice] », a déclaré Rudy Giuliani, qui a rejoint l’équipe d’avocats de M. Trump le mois dernier, à CNN.

Mais comme l’explique la chaîne américaine, « la question reste ouverte si les enquêteurs trouvent des preuves d’actes répréhensibles, alors les équipes de Mueller essaieront de défier ces recommandations ». Car le rapport, et les preuves dont il ferait état, pourrait servir de base pour une éventuelle destitution par le Congrès.

Un témoignage « franc et sincère » de Trump Jr

Ces déclarations interviennent quelques heures après qu’une commission judiciaire du Sénat américain a publié 2 000 documents provenant de son enquête sur une rencontre entre le fils aîné du président américain et une avocate liée au Kremlin, ayant promis des informations compromettantes sur Hillary Clinton. Dans son témoignage, Donald Trump Jr a assuré ne pas avoir parlé à son père avant cette rencontre avec Natalia Veselnitskaya à la Trump Tower de New York, le 9 juin 2016.

« Tout le monde peut maintenant voir que pendant cinq heures, j’ai répondu à chaque question et que j’ai été franc et sincère avec la commission », a déclaré dans un communiqué Donald Trump Jr, dont l’intégralité du témoignage figure dans les documents rendus publics. Il avait déjà expliqué qu’il croyait l’avocate capable de fournir des renseignements compromettants sur la rivale de son père, Hillary Clinton. Il avait ensuite déclaré que Mme Veselnitskaya n’avait finalement pas d’informations à donner, et elle-même avait nié être liée au Kremlin, qui a affirmé ne pas la connaître.

Une influence de Moscou conclue par la commission du renseignement

Le sénateur républicain Chuck Grassley, le président de cette commission, a dit avoir rendu les documents publics pour que « les Américains puissent maintenant examiner ces informations de manière non filtrée et qu’ils parviennent à leurs propres conclusions ».

Les démocrates de la commission ont eux jugé que la rencontre de la Trump Tower « confirme que l’équipe de campagne de Trump était disposée à accepter l’aide de la Russie ». « La commission a trouvé des preuves de multiples contacts entre l’équipe de campagne de Trump et des responsables du gouvernement russe ou leurs intermédiaires, y compris d’offres d’aide et d’ouvertures supposées de la part de Vladimir Poutine, ce qui nécessite une enquête plus approfondie. »

De son côté, la commission du renseignement du Sénat a signalé mercredi avoir complété son examen de l’ingérence russe, disant être arrivée aux mêmes conclusions que les services de renseignement américains selon lesquels Moscou a bien tenté d’influencer le vote en faveur de M. Trump.

Après 14 mois de travail, « nous ne voyons pas de raison de mettre en doute les conclusions » des services de renseignement, a dit le président de la commission, le sénateur républicain Richard Burr. « L’effort russe a été vaste, sophistiqué et ordonné par le président Poutine lui-même dans le but d’aider Donald Trump et de nuire à Hillary Clinton », a ajouté le sénateur démocrate Mark Warner, numéro deux de la commission.