Ligue Europa : Antoine Griezmann, taille patron
Ligue Europa : Antoine Griezmann, taille patron
Par Anthony Hernandez (Décines (Rhônes), envoyé spécial)
Auteur d’un doublé, l’international français a survolé les débats mercredi soir pour offrir la victoire à l’Atlético Madrid face à l’Olympique de Marseille (3-0).
Antoine Griezmann a inscrit un doublé mercredi en finale de la Ligue Europa. / GONZALO FUENTES / REUTERS
Plus sa coupe de cheveux gagne en sobriété, plus le jeu d’Antoine Griezmann impressionne par son efficacité. Mercredi 16 mai à Décines, en banlieue lyonnaise, il n’a eu besoin que de deux occasions pour inscrire un doublé et offrir la Ligue Europa 2018 à l’Atlético Madrid. Au milieu de ses coéquipiers, de membres de sa famille et de celles de ses camarades, il a savouré de longues minutes cette victoire, bien après la remise du trophée aux vainqueurs. Dans un stade vidé des fans marseillais, les supporteurs de « l’Atléti » ont communié avec leur équipe et leur vedette. Ils savent ce qu’ils doivent à leur petit attaquant.
A 80 km de sa ville de naissance (Mâcon), Griezmann a éclaboussé de son talent une finale disputée face à l’OM, dans l’enceinte qui appartient à l’Olympique lyonnais. Sur le terrain, le Français a largement dominé son sujet, à l’image d’un Atlético qui n’a pas eu besoin de forcer son talent pour remporter une troisième Ligue Europa en huit ans (2010, 2012 et 2018). « Notre jeu, c’est être costaud derrière, bien défendre et faire mal à chaque erreur, c’est ce qui s’est passé. C’est l’Atlético, ce que l’on aime faire et grâce à ça, on a été champion », s’est félicité le Français à la fin de la rencontre.
Rapidité, vivacité, maestria technique et sang-froid ont ponctué sa prestation XXL, qui lui a valu d’être élu à l’unanimité homme du match. A la 21e minute, il a d’abord exploité, sans pitié et avec une précision chirurgicale, une relance hasardeuse de Steve Mandanda puis un contrôle raté d’André-Frank Zambo Anguissa. Quatre minutes après le retour des vestiaires, après un une-deux magistral avec son coéquipier Koke, il s’enfonçait dans la surface marseillaise pour piquer subtilement son ballon au-dessus du gardien olympien. D’une sérénité déconcertante, l’international tricolore s’est même permis une petite fantaisie en célébrant ses buts par une danse peu académique, inspirée du jeu vidéo ultra-populaire Fortnite.
Sa performance est d’autant plus notable qu’elle intervient en plein flou sur son avenir, alors que les médias espagnols ne parlent plus que de son transfert au FC Barcelone. De quoi fortement agacer les dirigeants des Colchoneros, qui n’imaginent pas perdre leur diamant. Ce n’est certainement pas cette prestation qui va les faire changer d’avis. Mais il faudra assurément avoir les reins solides pour résister aux millions d’euros, plus d’une centaine, que les Catalans risquent de proposer pour arracher la signature du Français.
La troisième est la bonne
Admirateur de l’OM aujourd’hui malgré sa proximité avec l’OL quand il était enfant, Griezmann avait à cœur de mettre fin à sa (petite) malédiction des finales. En 2016, il avait subi deux désillusions à ce stade ultime de la compétition : l’une face au rival du Real Madrid en Ligue des champions, en ratant notamment un penalty, l’autre face au Portugal à l’Euro. Le plus espagnol des Français a donc enfin décroché son premier trophée international : « Ça faisait deux finales que je perdais. Je suis parti à 14 ans de chez moi [pour rejoindre le centre de formation de la Real Sociedad] pour gagner des titres, et ce soir j’avais l’opportunité de gagner un trophée, il fallait tout donner. »
Le futur pilier des Bleus, lors de l’imminente Coupe du monde en Russie (14 juin-15 juillet), y a ajouté un soupçon de classe lorsqu’il a été le premier à réconforter Dimitri Payet, qu’il a côtoyé par le passé en équipe de France. Le Marseillais est sorti en larmes en première période à cause d’une blessure qu’il traînait depuis quelques jours.
Présent en conférence de presse afin d’honorer sa distinction individuelle, Antoine Griezmann s’est montré plus à l’aise dans la langue de Cervantès que dans sa langue maternelle pour répondre aux questions des journalistes. A l’une des deux seules questions posées en français, il s’est fendu d’un lapsus révélateur en voulant saluer son équipe de cœur : « Je tiens à féliciter les Marseillais pour leur saison. J’espère qu’ils vont se classifier, euh pardon se qualifier pour la Coupe du monde [il voulait dire la Ligue des champions]. »
En plus d’être au sommet de sa forme, le double buteur a apparemment déjà la tête au Mondial. Une bonne nouvelle de plus pour le sélectionneur Didier Deschamps qui doit annoncer sa liste des 23 ce jeudi soir à 20 heures. « Grizou » en fera à coup sûr partie et sa prestation en finale de la Ligue Europa laisse augurer des perspectives rassurantes pour les Bleus.