Des médias américains annoncent qu’Harvey Weinstein va être poursuivi pour viol
Des médias américains annoncent qu’Harvey Weinstein va être poursuivi pour viol
Par Arnaud Leparmentier (New York, correspondant)
Selon le « New York Times » et CNN, qui citent des sources judiciaires, l’ancien magnat du cinéma doit être formellement mis en accusation vendredi dans deux affaires.
Il vit terré depuis des mois : Harvey Weinstein, 66 ans, le magnat déchu du cinéma, devrait réapparaître. Selon le New York Times et CNN, l’ancien producteur d’Hollywood doit être mis en accusation, vendredi 25 mai à New York, après de longs mois d’enquêtes, des dizaines d’entretiens et un torrent d’accusations d’abus sexuels, mais sans aucune poursuite jusqu’ici.
M. Weinstein, qui a produit Pulp Fiction, Le Discours d’un roi ou encore Shakespeare in Love, devrait, selon les deux médias qui citent des sources judiciaires, être mis en accusation pour viol et pour un « acte sexuel à caractère criminel » qui correspondrait à une fellation forcée. M. Weinstein, qui pourrait se livrer vendredi à la police new-yorkaise, devrait alors être arrêté et comparaître devant un juge.
La victime présumée du viol n’a pas été identifiée. En novembre 2017, la police de New York avait recueilli le témoignage de l’actrice Paz de La Huerta, qui avait accusé M. Weinstein de l’avoir forcée à avoir des relations sexuelles dans son appartement de Manhattan en 2010. L’accusation de fellation forcée a elle été formulée par Lucia Evans, pour des faits remontant à 2004, alors qu’elle aspirait à devenir actrice.
Abus sexuels, chantage et surveillance
Interrogé par le New York Times, l’avocat de M. Weinstein, Benjamin Brafman, s’est refusé à tout commentaire. Par le passé, il avait déclaré que M. Weinstein niait toute allégation de « relation sexuelle non consentie ».
La chute de M. Weinstein a été déclenchée par deux enquêtes du New York Times et du New Yorker parus en octobre 2017 après que des femmes, notamment des actrices, se sont mises à révéler les pratiques du producteur, faites d’abus sexuels, de chantage et de surveillance pour imposer à ses victimes présumées la loi du silence.
L’affaire a entraîné le mouvement mondial #metoo et continue de provoquer des mises en causes et des démissions dans le monde de l’art, du journalisme et de la politique américains, et aussi des entreprises comme Nike. Dernier rebondissement en date, la mise en cause de l’acteur Morgan Freeman par une stagiaire pour des faits remontant à 2015.
Selon les médias américains, Harvey Weinstein doit être mis en accusation par le bureau du procureur de Manhattan, Cyrus Vance. Ce dernier est connu pour avoir traité en 2011 l’affaire de l’agression par Dominique Strauss-Kahn de Nafissatou Diallo, une femme de chambre du Sofitel de Manhattan.
Affaire perturbée
Mais M. Vance a été critiqué par la police new-yorkaise pour avoir classé sans suite une plainte déposée en 2015 par un mannequin italien, Ambra Battilana, qui avait accusé M. Weinstein d’attouchements. L’explication qui eut lieu le lendemain entre le producteur et Ambra Battilana, enregistrée par la police, montrait comment M. Weinstein alternait cajolerie et menaces, selon le récit qu’en fit le New York Times. Mais ce n’était pas assez pour le poursuivre, d’après Cyrus Vance, selon qui il y avait à l’époque des preuves « insuffisantes au regard de la loi new-yorkaise, qui exige d’établir l’intention criminelle ». Une fois la plainte classée, M. Weinstein, qui avait été fouiller en Italie dans le passé de Mme Battilana pour contrer ses accusations, l’avait dédommagée financièrement, a révélé le New York Times.
Cet hiver, la pression publique est montée pour que M. Weinstein soit poursuivi. L’affaire a été perturbée lorsque le procureur de New York, Eric Schneiderman, a dû démissionner début mai, quelques heures après que des femmes avec lesquelles il entretenait une liaison se furent plaintes de son comportement physiquement violent. La perplexité fut d’autant plus forte que M. Schneiderman était de longue date un militant de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Après les révélations de l’automne 2017, M. Weinstein a été chassé de la tête de sa compagnie. Poursuivie en responsabilité par la justice new-yorkaise, Weinstein Capital s’est finalement déclarée en faillite en mars. Au début du printemps, parmi une soixante de candidats, c’est le fonds d’investissements Lantern Capital qui a fait l’offre de reprise la plus élevée. Celle-ci doit encore être entérinée par un juge.