Il y a les Tweets et la réalité. « L’Amérique est bénie d’une extraordinaire abondance d’énergie, y compris plus de 250 années de charbon beau et propre. Nous avons mis fin à la guerre au charbon, et nous continuerons à promouvoir la domination énergétique américaine », s’est réjoui Donald Trump, le 18 mai. Sauf que la tendance n’est pas celle-ci. Le charbon poursuit son déclin sur le sol américain, parce qu’il pollue et surtout n’est pas rentable. C’est ce que révèlent les données publiées le 29 mai par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

Résultat, en dix ans, la consommation d’énergie par habitant a baissé de 10 % aux Etats-Unis, et les émissions de CO2 de 20 %. Ce recul s’est ralenti mais s’est poursuivi en 2017. Les émissions des Américains restent certes 2,5 fois supérieures à celles des Européens et des Chinois dont les performances stagnent. Mais un an après avoir annoncé leur retrait de l’accord de Paris sur le climat, les Américains ne sont pas aussi mauvais élèves que ne laissent entendre les propos de Donald Trump.

Déclin inexorable du charbon

Dans le détail, la consommation de charbon dans la production d’électricité est tombée à son plus bas depuis 1982. Le charbon, qui assurait près de la moitié de la production l’électricité américaine en 2007, n’en fournit plus que 30 %, désormais dépassé par le gaz naturel (32 %, plus 10 points en une décennie). Cette tendance devrait se poursuivre, selon l’EIA.

Le charbon ne représente plus que 14 % de la consommation d’énergie totale aux Etats-Unis contre 22,5 % il y a dix ans. Cette tendance s’est poursuivie en 2017, en dépit de l’arrivée de Donald Trump. En revanche, la production américaine a rebondi de 6,5 % en 2017 (le recul sur dix ans reste d’un tiers), tirée par le rebond de 50 % des exportations. Les Américains justifient ces exportations en expliquant notamment que le charbon du Wyoming est moins polluant que celui des Chinois et qu’il les aide à protéger leur environnement. Mais pour 2018, l’Agence américaine de l’énergie table sur un nouveau recul de 3 %, dû à la baisse conjuguée de la consommation et des exportations.

Résultat, les émissions de dioxyde de carbone dues au charbon ont baissé de près de 40 % depuis 2007 (1,31 milliard de tonnes métriques contre 2,17 milliards en 2007). Et les émissions totales réalisées sur le sol américain ont reculé de 14 % en une décennie (5,14, contre 6 milliards de tonnes), le gaz naturel étant bien moins polluant et son efficacité ayant progressé, à la différence des centrales à charbon qui sont plus polluantes que par le passé. Cette amélioration est aussi due à la part des énergies renouvelables (45 % de biomasse, 25 % d’hydroélectricité, 21 % d’éolien, 7 % de solaire), qui a quasiment doublé en dix ans pour atteindre 11,2 % de la consommation totale. Le pétrole reste stable (37 % de la consommation, moins 2 points)

Remontée en 2018

Au total, la consommation totale d’énergie n’a reculé que de 3,2 % en dix ans, Le recul de la consommation d’essence a été limité à 6 % tout comme les émissions de CO2 dans les transports, les Américains ayant choisi de s’équiper en pick-up et renoncé aux petites cylindrées. En revanche, les émissions des secteurs immobiliers résidentiel et commercial, véritables passoires énergétiques, ont enregistré des forts reculs, respectivement d’un quart et d’un cinquième.

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Après un recul de 0,9 % en 2017, l’EIA prévoit toutefois une remontée des émissions totales américaines de 1,4 % en 2018 et de 0,4 % en 2019. Deux phénomènes contradictoires sont à l’œuvre : d’un côté, l’abolition tonitruante des régulations décidées par Barack Obama le plus souvent avant d’avoir pu entrer en vigueur ; de l’autre, la décision des villes et états démocrates ainsi que des entreprises d’aller vers une économie plus sobre en carbone. Il est trop tôt pour savoir laquelle de ces forces fixera durablement la tendance.