TV – « Baby Boss » : un James Bond en couche-culotte
TV – « Baby Boss » : un James Bond en couche-culotte
Par Murielle Joudet
A voir aussi ce soir. Avec ce bébé en costard, DreamWorks creuse, pour le meilleur, sa veine puérile, bête, méchante et hilarante (sur Canal+ à 21 heures).
BABY BOSS Nouvelle Bande Annonce VF (Dessin Animé, 2017)
Durée : 05:09
L’histoire de cette production DreamWorks est celle de Tim, un garçon de 7 ans, qui doit faire face à l’arrivée d’un petit frère. Le nourrisson tout mignon est né avec un costume et un attaché-case et se prénomme Baby Boss.
Le bébé joufflu se révèle être un espion pour le compte de l’entreprise Baby Corp. Sa mission : démanteler un complot fomenté par le PDG de Puppy Co., qui veut lancer sur le marché le chien le plus mignon du monde pour conquérir l’affection des êtres humains et prendre la place des bébés. Baby Boss est chargé d’inverser la tendance en volant le prototype du chien, afin de rétablir l’ordre du monde.
Baby Boss rappelle à quel point, dans ses meilleurs moments, DreamWorks peut prétendre au rôle de cousin punk de Pixar : emboîtement de scènes hallucinogènes, où l’on accède à l’entreprise Baby Corp. en suçant rapidement une tétine, humour scatophile et régressif qui digère tout l’imaginaire des vidéos Internet composées d’animaux et de bébés rigolos.
« Baby Boss », de Tom McGrath. | FOX/DREAMWORKS ANIMATION
La production de Baby Boss a été annoncée dès 2014. Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser que les scénaristes et animateurs du studio ont calqué son apparence sur celle de Donald Trump. Sous ses airs poupons, Baby Boss se caractérise par un cynisme et un carriérisme à toute épreuve : une fois sa mission accomplie, il rêve de décrocher une promotion et un bureau pour lui tout seul. Outre son costume noir, sa cravate noire et son étrange jeu de mains, un autre attribut du héros nous conforte dans cette piste : c’est Alec Baldwin qui prête sa voix à Baby Boss, soit le comédien qui incarne le sosie parodique de Donald Trump dans l’émission de divertissement à sketchs « Saturday Night Live ».
Si l’on rit de bon cœur, l’hilarité est mêlée de consternation : quoi de plus bête que le pet d’un bébé aux fesses recouvertes de talc ? Et, pourtant, il y a quelque chose de jouissif dans cette débauche d’idioties infantiles, comme si Baby Boss se faisait de manière subliminale le commentaire d’une société qui se morfond dans la puérilité et se nourrit de cette nouvelle pornographie qu’est devenu le « mignon ».
Baby Boss, de Tom McGrath (EU, 2017, 95 min).