En juillet 2014, plus de 18 mois après la réélection de Barack Obama, le secrétaire d’Etat John Kerry se lamentait : « A cette minute même, nous avons 58 candidats en instance [de confirmation] devant le Sénat, dont 43 ambassadeurs. » | CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS

Richard Grenell, le controversé ambassadeur américain en Allemagne envoyé par Donald Trump, a pris ses fonctions le 8 mai, au terme de quinze mois de blocage autour de sa confirmation à son poste. Il n’est pas le seul à déposer ses lettres de créance avec un « léger » retard. Le site de l’Association des diplomates de carrière (AFSA) relevait, le 4 juin, que 19 ambassadeurs nommés par le 45e président des Etats-Unis n’étaient pas encore entrés en fonction.

Les ambassadeurs américains sont choisis par le président des Etats-Unis, soit parmi des diplomates de carrière, soit parmi des personnalités politiques. Certaines nominations visent notamment à remercier des soutiens financiers – comme Woody Johnson, propriétaire de l’équipe de football américain des New York Jets, nommé ambassadeur à Londres – pendant la campagne électorale. Tous doivent être confirmés par le Sénat, à l’issue d’un processus plus ou moins long : le 6 juin, 73 avaient vu leur nomination confirmée.

Par ailleurs, pour 35 pays, aucun ambassadeur n’a été nommé.

L’administration Trump est confrontée à une difficulté spécifique, rapportait Forbes en février. En effet, le jour de son investiture, Donald Trump a littéralement mis à la porte tous les ambassadeurs nommés par Barack Obama : ils devaient avoir quitté leur poste à midi, le 20 janvier 2017.

Critiques contre Rex Tillerson

A cela s’ajoute la gestion du département d’Etat par Rex Tillerson, l’ancien chef de la diplomatie américaine – renvoyé par Donald Trump, le 13 mars – qui est accusé de ne pas avoir été en mesure de proposer de candidat à des postes importants.

Depuis, l’administration républicaine peine à dénicher des candidats et certains postes aussi importants que le Mexique ou l’Arabie Saoudite – allié des Etats-Unis dans la région contre l’Iran pour l’Arabie – sont vacants.

Au Mexique, l’ambassadrice Roberta Jacobson a annoncé sa démission le 1er mars, à un moment critique – volonté de Donald Trump de construire un mur entre les deux pays, renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) – pour la relation américano-mexicaine. Sa lettre de démission est peu prolixe sur les raisons de son départ, mais il n’est pas inutile de rappeler qu’elle avait représenté l’administration Obama lors des négociations de rapprochement avec Cuba.

L’administration Trump n’est pas la seule à se retrouver avec de nombreux postes d’ambassadeurs vacants. En juillet 2014, plus de 18 mois après la réélection de Barack Obama en novembre 2012, le secrétaire d’Etat John Kerry se lamentait : « A cette minute même, nous avons 58 candidats en instance [de confirmation] devant le Sénat, dont 43 ambassadeurs. Cela signifie que nous devons opérer sans porte-voix sur le terrain chaque jour dans plus de 25 % du monde. » L’administration Obama faisait alors face à un Sénat républicain, hostile à sa politique.