Vers une sortie de crise à l’hôpital du Rouvray ?
Vers une sortie de crise à l’hôpital du Rouvray ?
La négociation entre les grévistes de la faim de l’hôpital psychiatrique du Rouvray et l’Agence régionale de santé reprend sous de meilleurs auspices.
Par Gilles Triolier (Rouen, correspondant)
Se dirige-t-on vers une sortie de crise à l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime), où sept agents ont entamé une grève de la faim il y a quinze jours pour dénoncer un manque dramatique de moyens et une surpopulation chronique ? Il est trop tôt pour l’affirmer, mais le dialogue entre l’intersyndicale de l’établissement et l’Agence régionale de santé (ARS) de Normandie a repris jeudi 7 juin après-midi sous de meilleurs auspices.
Il avait été rompu mercredi soir, les grévistes ayant véhément repoussé une première proposition de l’ARS. Eux réclament la création - et non un redéploiement - de 52 postes d’infirmiers et d’une unité dédiée aux adolescents.
Certes toujours tendue et incertaine, la négociation a pris une forme nouvelle avec la visite sur le site de l’hôpital de la directrice de l’ARS, Christine Gardel, et ce, pour la première fois depuis le début du conflit, fin mars. Organisée au pied levé en fin de matinée à la préfecture de Seine-Maritime, une réunion a permis de rapprocher les deux parties, chacune souhaitant une sortie de crise « avant ce week-end ».
Dès potron-minet, les grévistes, soutenus par plusieurs cheminots, avaient bloqué un des principaux accès routiers de la cité rouennaise, avant de faire le siège de l’ARS. Les dockers du port de Rouen, quant à eux, n’ont pas mis à exécution leur menace de blocage général de la ville.
« Ils acceptent réellement de négocier »
« J’ai su décrier le comportement de l’ARS ces derniers jours, je sais reconnaître maintenant qu’ils acceptent réellement de négocier. Enfin, au bout de deux mois et demi, une négociation basée sur nos revendications peut commencer. La discussion va peut-être durer de longues heures, jusque tard dans la nuit, mais l’objectif est de “sortir” nos collègues grévistes de la faim demain vendredi », pose Jean-Yves Herment, secrétaire CFDT du CHSCT de l’hôpital et lui-même gréviste de la faim jusqu’à son hospitalisation, en début de semaine.
La directrice de l’ARS, Christine Gardel, tient peu ou prou le même discours :
« L’enjeu essentiel, et tout le monde est d’accord là-dessus, est de reprendre les négociations et d’arriver rapidement à un protocole d’accord de sortie de crise. Nous allons repartir des travaux déjà menés. »
Annoncé mardi par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, l’envoi de trois émissaires afin de réaliser une « enquête flash » a finalement été annulé. « Cette mission devait servir à réenclencher le dialogue. Or, comme vous le voyez, il est largement réenclenché. La discussion se fera entre l’intersyndicale, les équipes de l’ARS et la direction de l’hôpital », estime la directrice de l’ARS, refusant pour l’heure de s’avancer sur des propositions chiffrées.
Ambulancier à l’hôpital psychiatrique du Rouvray, Bruno Fresnard ne s’alimente plus depuis dix-sept jours. « Il faut qu’on en sorte ce week-end, mais je suis prêt à continuer s’il le faut. Ça va, je ne suis pas encore trop faible. C’est une course de fond, pas un sprint », explique le quinquagénaire cégétiste. À l’heure actuelle, quatre des sept agents sont toujours en grève de la faim.