Photo prise samedi 9 juin à la Malbaie, au Québec, diffusée par le gouvernement allemand. / HANDOUT / REUTERS

Seul contre tous. Une photo prise lors du sommet du G7 au Canada, devenue virale, résume à elle seule l’isolement de Donald Trump face au reste du monde. Elle montre le président américain assis, bras croisé, l’air narquois, encerclé par une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement debout. Face à lui, Angela Merkel se détache clairement du groupe grâce à la lumière, picturale, et sa posture, penchée en avant, mains bien appuyées sur la table, l’air déterminé, prête à en découdre.

La photo, diffusée par le gouvernement allemand, répond clairement à un objectif de communication en valorisant la chancelière. « Donald, la prochaine fois que tu tweetes une stupidité, on confisque ton téléphone, compris ? ! », a ironisé sur Twitter l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt. Manifestement très inspiré, ce dernier a aussi imaginé Angela Merkel lançant à Donald Trump : « Dis-nous ce que Vladimir a sur toi. Peut-être qu’on peut aider », en référence à l’enquête sur les éventuelles collusions entre les membres de la campagne de Donald Trump et les officiels russes.

Le cliché, pris par le photographe allemand Jesco Denzel, est salué pour ses qualités picturales. Des internautes se sont amusés à le transformer en tableau.

La photo fait aussi l’objet de détournements sur un mode plus humoristique.

Angela Merkel, maîtresse du jeu ? En réalité, tout dépend du point de vue. D’un pays à l’autre, la scène n’a pas été immortalisée de la même manière. Chaque délégation s’est appliquée à envoyer sa version la plus flatteuse pour son représentant politique.

Ambiance « Tontons flingueurs »

L’Elysée a ainsi diffusé sa propre photo, où la scène est immortalisée sous un autre angle. Cette fois, c’est Emmanuel Macron qui est au centre des discussions, l’air pénétré, sous l’œil attentif de ses congénères. Angela Merkel apparaît à peine, le visage masqué par une silhouette sombre au premier plan.

Une autre version encore, en noir et blanc, montre le président tout en sourcils froncés à côté de la chancelière, tous deux penchés en avant, ambiance Les Tontons flingueurs, face à la longue mèche de Donald Trump, vu de dos.

Le Canada a offert une autre perspective encore, avec le premier ministre, Justin Trudeau, debout, une main nonchalamment posée sur une chaise à côté d’un Donald Trump pensif et renfrogné.

Le Japon s’est lui aussi appliqué à valoriser son premier ministre, Shinzo Abe, en le montrant mains posées sur la table, regard tourné vers le président américain, qui semble rouge de colère.

La Maison Blanche a riposté à son tour, en diffusant une photo où Donald Trump apparaît toujours assis, mais souriant, et comme entouré par une foule de courtisans. Une autre version, en noir et blanc, le montre au centre du jeu.

Pour l’entourage du milliardaire américain, l’image de Donald Trump restant impassible, bras croisés, traduit la fermeté du héraut de « l’Amérique d’abord ».

L’Italie a bien essayé d’entrer dans la course en diffusant une photo du nouveau président du conseil italien, Giuseppe Conte, au premier plan, affairé, en train de lire un document, mais la qualité médiocre du cliché, sombre et flou, fait tomber l’effet à plat.

Le journaliste américain Fabian Reinbold a répertorié la plupart de ces différentes perspectives :

La séquence a, en tout cas, synthétisé, plus que tous les discours, l’état du monde, fracturé, après le fiasco du sommet des pays industrialisés.