Primaires : Donald Trump reconfigure le Parti républicain
Primaires : Donald Trump reconfigure le Parti républicain
Par Julia Leschi
Deux candidats de la droite suprémaciste et alt-right, soutenus par le président américain, ont remporté coup sur coup leur élection.
La candidate républicaine de Caroline du Sud, Katie Arrington, à Summerville, le 12 juin. / Kathryn Ziesig / AP
Nouveau coup de tonnerre pour le Parti républicain. Après la défaite surprise de Mark Sanford, critique notoire de Donald Trump, qui a échoué ce mardi 12 juin à se qualifier aux primaires de Caroline du Sud, c’est le candidat d’extrême droite et suprémaciste blanc, Corey Stewart, qui a remporté, le lendemain, la primaire sénatoriale républicaine de l’Etat de Virginie. A l’approche des élections de mi-mandat, ces résultats semblent témoigner d’une réélle capacité de M. Trump à influencer l’issue d’une élection au sein du Parti républicain.
Corey Stewart, qui a remporté mercredi 13 juin la nomination républicaine pour le poste de sénateur de Virginie, l’a bien compris. Tout au long de sa campagne, le candidat « alt-right » n’a eu de cesse de rappeler sa loyauté au président. M. Stewart s’est associé par le passé à Paul Nehlen, qui se revendique comme pro-Blanc et antisémite, et à Jason Kessler. Ce dernier organisé le rassemblement d’extrême droite « Unite The Right » de Charlottesville (Virginie), où une militante d’extrême gauche avait été tuée. M. Stewart, champion de l’anti-immigration, revendique aussi fièrement l’héritage confédéré, et assure qu’une fois élu, il « faudra lui passer sur le corps pour faire enlever les statues de Robert E. Lee ou Stonewall Jackson », célèbres généraux des armées confédérées.
Le Comité sénatorial national du Parti républicain, qui se charge d’aider à financer les campagnes de ses candidats, a refusé de soutenir M. Stewart après sa nomination. Donald Trump l’a, lui, chaudement félicité pour sa victoire et assuré qu’il ne fallait pas sous-estimer ses chances de l’emporter.
Congratulations to Corey Stewart for his great victory for Senator from Virginia. Now he runs against a total stiff… https://t.co/D1LN5YAQob
— realDonaldTrump (@Donald J. Trump)
En Caroline du Sud, le représentant Mark Sanford, républicain de longue date, a payé le prix de ses critiques véhémentes à l’encontre de M. Trump. Favori de la primaire, il a perdu l’élection, contre toute attente, de quelques centaines de voix, au profit de Katie Arrington. Deux heures avant la fermeture des bureaux, M. Trump avait publiquement annoncé soutenir cette candidate alignée sur son programme de gouvernement.
« Culte de la personnalité »
Dans un Tweet, M. Trump avait estimé que M. Sanford avait été « très peu serviable » pendant la campagne présidentielle. Il ajoute qu’il « soutient pleinement Katie Arrington, qui lutte durement contre la criminalité ». Un message qui semble-t-il a suffi pour faire basculer l’élection. Mark Sanford avait dénoncé le « culte de la personnalité » qui s’installait autour de M. Trump et « grippait » le fonctionnement duParti, ainsi que l’intolérance d’un président qu’il ne jugeait pas digne de sa fonction. C’est la première défaite dans la carrière de M. Sanford, un élu qui avait réussi à se remettre en selle après les révélations sur sa liaison extraconjugale avec une journaliste argentine.
Mark Sanford has been very unhelpful to me in my campaign to MAGA. He is MIA and nothing but trouble. He is better… https://t.co/JP07Q3vx3c
— realDonaldTrump (@Donald J. Trump)
Ces deux résultats pourraient envoyer un message supplémentaire aux personnalités du Parti républicain qui s’opposent ouvertement à Donald Trump. Celui-ci s’est félicité, sur Twitter, de la défaite de Mark Sanford. « Mes représentants politiques ne voulaient pas que je me mêle à la primaire (…) mais j’ai estimé que Katie était un si bon candidat et Sanford si mauvais, que je devais tenter le coup », a-t-il déclaré.
My political representatives didn’t want me to get involved in the Mark Sanford primary thinking that Sanford would… https://t.co/QAqpkU2VvR
— realDonaldTrump (@Donald J. Trump)
Le 1er juin, l’ancien président de la Chambre des représentants, John Boehner, a déclaré : « Il n’y a pas de Parti républicain, il y a un parti de Trump. » Accusé par l’aile droite du parti d’avoir été trop indulgent avec les démocrates, il avait démissionné en septembre 2015.