Pourquoi l’ex-PDG de Carrefour a renoncé à une partie de sa rémunération
Pourquoi l’ex-PDG de Carrefour a renoncé à une partie de sa rémunération
Georges Plassat a renoncé à percevoir la prime de non-concurrence de 4 millions d’euros qui avait été jugée « choquante » par le ministre de l’économie.
L’ancien PDG de Carrefour Georges Plassat a renoncé samedi 16 juin à une partie de l’indemnité accordée à son départ, qui avait été jugée « choquante » par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.
« Il est normal que la performance soit rémunérée mais on ne peut pas récompenser l’échec. Les anciens dirigeants de carrefour ont laissé une situation très dégradée. La nouvelle direction a pris des mesures de restructuration qui vont se traduire par des pertes d’emplois et des fermetures de magasins », a souligné le ministre.
Qu’avaient voté les actionnaires de Carrefour ?
Les actionnaires de Carrefour, réunis vendredi en assemblée générale, se sont prononcés sur la rémunération de Georges Plassat, PDG du groupe de 2012 à mi-2017. Ils ont voté l’octroi de près de 13 millions de rémunération (fixe, variable et exceptionnel) au titre de l’année 2017. A cela s’ajoute une indemnité de près de 4 millions d’euros d’engagement de non-concurrence. Pour M. Le Maire, « les actionnaires qui ont approuvé cette rémunération à 68% sont responsables de cette situation. Cela relève de leur responsabilité et ils n’ont pas été à la hauteur ».
Pourquoi cette indemnité de 4 millions pose-t-elle problème ?
A la suite de plusieurs scandales liés à la rémunération des dirigeants, l’Association française des entreprises privées (AFEP), qui regroupe les plus grands groupes du pays et le Mouvement des entreprises de France (Medef) avaient adopté en 2013 un code de bonne conduite.
Ce code AFEP-Medef préconise de ne pas verser de prime de départ aux dirigeants, compte tenu du montant déjà élevé de leur salarie et de leur retraite. Les 4 millions accordés à M. Plassat étaient officiellement une clause de non-concurrence. Or le dirigeant est âgé de 68 ans et va faire valoir ses droits à la retraite. Le Haut-Comité de gouvernement d’entreprise (HCGE) , chargé de faire appliquer le code, a estimé qu’il s’agissait d’une prime de départ déguisée, qui constituait une « déviation sérieuse » par rapport au réglement.
C’est donc à cette indemnité controversée que M. Plassat a choisi de renoncer. Il continuera à percevoir le reste de la rémunération ainsi qu’une retraite annuelle de 518 000 euros par an.
Quels sont les autres critiques sur cette rémunération ?
- Pour les syndicats, le décalage avec les sacrifices demandés aux salariés
Pour les syndicats ont manifesté vendredi en marge de l’assemblée générale, à Aubervilliers, près de Paris, pour rappeler que le groupe s’est engagé en janvier dans un vaste plan de restructuration, impliquant la suppression de 7 000 emplois, dont 2 100 en France et la fermeture de 243 magasins Dia.
- Pour les petits actionnaires, le décalage avec la baisse de leurs dividendes
L’assemblée générale a été houleuse, et la rémunération n’a été approuvée qu’à 68 %, ce qui est un signe de défiance. La plupart des petits actionnaires s’irritent de voir ce que touche l’ancien dirigeant alors que leurs propres dividendes ont baissé de 34 %, sous l’effet de la crise du groupe.