Les premiers migrants de l’« Aquarius » arrivent dans le port espagnol de Valence
Les premiers migrants de l’« Aquarius » arrivent dans le port espagnol de Valence
Le Monde.fr avec AFP
Au lever du jour, les premiers des 630 naufragés secourus par le navire humanitaire et désormais répartis sur trois bateaux, ont pu débarquer.
La navire italien « Dattilo », à son arrivée au port de Valence, en Espagne, le 17 juin à l’aube. / JOSE JORDAN / AFP
Les premiers migrants secourus par l’Aquarius, au centre cette semaine de vives tensions sur la politique migratoire ayant secoué l’Europe, sont arrivés tôt dimanche 17 juin en Espagne après une semaine d’errance en Méditerranée. Le navire italien Dattilo est le premier à avoir accosté vers 6 h 30.
Après une odyssée de 1 500 kilomètres, les 450 hommes, 80 femmes dont au moins 7 enceintes, 89 adolescents et onze enfants de moins 13 ans ont commencé à entrer dans le port de Valence à l’aube.
Les arrivées des trois bateaux transportant ces ressortissants de 26 pays en majorité africains – l’Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières, et deux navires militaires italiens – devaient s’échelonner tout au long de la matinée.
Une fois arrivés à bon port, les migrants de l’Aquarius débarqueront par groupes après un examen médical et devront attendre ensuite que leur situation soit examinée au cas par cas.
Chaque migrant « saura s’il a le statut de réfugié, si c’est un migrant économique » mais aussi « s’il est coupable de certains délits qui le rendent passible d’expulsion », avait souligné vendredi la porte-parole du gouvernement espagnol, Isabel Celaa.
Un dispositif d’accueil exceptionnel
Des tentes ont été montées et des ambulances pré-positionnées sur le port de Valence où une banderole clamant « Bienvenue chez vous », dans différentes langues, a été déployée alors que l’arrivée de l’Aquarius a déclenché un élan de solidarité.
« Les gens se proposent pour tout ce qui se présente : servir de traducteur, offrir un logement », expliquait Johnson Tamayo, artiste de 51 ans, l’un des très nombreux bénévoles mobilisés par la Croix-Rouge.
Au total, le dispositif mis en place pour cet accueil exceptionnel mobilise 2 320 personnes dont environ 1 000 bénévoles et 470 traducteurs. L’événement est ultramédiatisé, avec plus de 600 journalistes accrédités.
Pour ces migrants rêvant d’une vie meilleure en Europe, l’arrivée dans le port de Valence marque la fin d’un voyage éprouvant d’une semaine durant lequel ils auront été le catalyseur des profondes fractures au sein de l’Union Européenne sur la question migratoire.
Tout juste arrivé au pouvoir, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez avait offert lundi d’accueillir les migrants sauvés par l’Aquarius dans la nuit du 9 au 10 juin au large de la Libye et à qui l’Italie et Malte refusaient d’ouvrir leurs ports. Un geste « humanitaire » mais aussi « politique » pour Madrid, destiné à impulser une réponse européenne commune face à la crise migratoire.
L’Europe divisée
Le refus de l’Italie et de son ministre de l’intérieur Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), homme fort du gouvernement, d’accueillir l’Aquarius a en effet plongé l’Europe dans une nouvelle crise sur la question migratoire et déclenché une passe d’armes diplomatiques entre la France et l’Italie.
Le président français Emmanuel Macron a ainsi dénoncé la « part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien » de Rome qui a indiqué en réponse refuser de recevoir les « leçons hypocrites de pays ayant préféré détourner la tête en matière d’immigration ».
Mais alors qu’un déjeuner vendredi entre M. Macron et le chef du gouvernement italien Guiseppe Conte a permis d’apaiser les tensions, Matteo Salvini a persisté et signé samedi en réitérant l’interdiction aux ONG d’accéder aux ports de la péninsule.
La crise migratoire déstabilise aussi le gouvernement allemand, la chancelière Angela Merkel faisant face à une fronde de la droite conservatrice qui veut imposer un tour de vis à la politique d’accueil des demandeurs d’asile.
Une partie des migrants de l’Aquarius doivent être accueillis en France, comme l’a proposé Paris. Une initiative saluée par le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez pour qui « cette offre démontre que c’est dans ce cadre de coopération que l’Europe doit donner une réponse, dans un esprit de solidarité européenne au contenu réel ».