Sur Twitter, Donald Trump attaque à nouveau l’Allemagne
Sur Twitter, Donald Trump attaque à nouveau l’Allemagne
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
« Le peuple se retourne contre ses dirigeants alors que l’immigration secoue la coalition déjà fragile », a-t-il jugé pour justifier sa propre politique migratoire.
Moins de deux semaines après un sommet du G7 marqué par des tensions avec ses partenaires européens, Donald Trump s’est à nouveau attaqué à l’un de ses alliés, lundi 18 juin. De bon matin, sur son compte Twitter, il a commenté à sa manière les tensions sur l’immigration qui minent la coalition au pouvoir en Allemagne, en critiquant avec virulence la chancelière Angela Merkel.
« Le peuple allemand se retourne contre ses dirigeants alors que l’immigration secoue la coalition déjà fragile de Berlin », a jugé le président des Etats-Unis qui affronte de son côté une polémique liée à la décision de son administration de séparer les familles de sans-papiers. Pour ajouter du poids à son propos, il a affirmé contre toute évidence que « la criminalité en Allemagne est en hausse ».
« Une énorme erreur a été commise dans toute l’Europe en permettant d’y entrer à des millions de personnes qui ont si fortement et si violemment changé sa culture ! », s’est exclamé le président des Etats-Unis dont le message a été aussitôt partagé par le parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD). « Nous ne voulons pas que ce qui s’est passé en Europe se reproduise chez nous », a-t-il ajouté.
Attaque approximative
Les médias et les autorités allemandes n’ont guère tardé pour corriger Donald Trump en rappelant que la criminalité est au contraire au plus bas dans leur pays depuis 1992.
Il ne s’agit pas de la première attaque approximative de Donald Trump, alors que Mme Merkel reste par ailleurs la personnalité politique la plus populaire outre-Rhin. En janvier 2016, il avait déjà jugé sur Twitter, après un attentat à Berlin, que l’accueil de centaines de milliers de réfugiés avait transformé l’Allemagne en « total foutoir-grande criminalité ».
Et le 18 février 2017, au cours d’un meeting politique en Floride, il avait à nouveau attaqué une politique migratoire jugée catastrophique. « Regardez ce qui se passe en Allemagne, regardez ce qui s’est passé hier soir en Suède. La Suède, qui l’aurait cru ? La Suède. Ils ont accueilli beaucoup de réfugiés, et maintenant ils ont des problèmes comme ils ne l’auraient jamais pensé », avait lancé le président dans une allusion à un incident purement imaginaire qui avait suscité les sarcasmes des autorités suédoises.
Un peu plus tard, en avril, il avait apporté un soutien non officiel à la candidate du Front national à l’élection présidentielle française, Marine Le Pen, sur la base de son programme anti-immigration. « Elle est la plus forte sur les frontières et la plus forte pour ce qui se passe en France », avait-il alors commenté.
Hargne
Lors du sommet du G7, les 8 et 9 juin, au Canada, le président des Etats-Unis a pareillement réservé le meilleur accueil au nouveau président du Conseil italien, Giuseppe Conte, porté au pouvoir par une coalition qui repose en partie sur la Ligue, qui défend également une ligne dure sur l’immigration.
Cette hargne vis-à-vis de l’Allemagne est décuplée par une autre obsession du président des Etats-Unis, l’excédent commercial que Berlin enregistre aux dépens de Washington. Il complique les relations délicates avec la chancelière, que des déclarations fracassantes du nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Berlin, Richard Grenell, n’ont pas contribué à assainir. « Je veux absolument soutenir d’autres conservateurs partout en Europe, d’autres responsables », a déclaré ce dernier en mai dans un entretien au site ultranationaliste américain Breitbart News, dans une critique à peine voilée de la coalition au pouvoir à Berlin.
L’amour-propre de Donald Trump avait été mis à l’épreuve par Angela Merkel en décembre 2015, six mois après son entrée en politique, lorsque le magazine Time avait attribué une distinction qui lui tient particulièrement à cœur, le titre de personnalité de l’année, à la chancelière, précisément pour sa politique d’accueil. « Ils ont choisi celle qui ruine l’Allemagne », avait alors commenté avec amertume sur son compte Twitter celui qui estimait que cet honneur aurait dû lui revenir.