Les 630 personnes sauvées des eaux entre Malte et l’Italie par l’« Aquarius », le navire de l’association SOS-Méditerranée, après le refus de ces deux pays de les accueillir, ont été accueillis à Valence, en Espagne, le week-end dernier. Ils ont reçu la visite de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), afin d’organiser le voyage en France de ceux qui répondent aux critères du droit d’asile et le souhaitent. Pascal Brice, le directeur général de l’Ofpra, détaille sa mission à Valence.

Vous rentrez de Valence, en Espagne, où sont accueillis les 629 migrants de l’Aquarius. Quel est le dispositif mis en place pour les demandeurs d’asile ?

Effectivement, je suis allé sur place avec mes homologues de l’office espagnol. Plusieurs officiers de protection de l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) sont eux aussi sur place et nous démarrons dès aujourd’hui les entretiens avec les quelque 300 passagers de l’Aquarius qui ont formulé le souhait de demander l’asile vers la France.

Au total, nous allons déployer une dizaine d’officiers de protection. Nous estimons qu’il faudra une dizaine de jours pour entendre toutes ces personnes afin de vérifier si elles relèvent du droit d asile.

Les entretiens vont se dérouler dans un grand complexe à quelques kilomètres de la ville où ces personnes sont accueillies. Comme d’ordinaire, des vérifications de sécurité auront lieu par ailleurs.

C’est sur la base de ces éléments que le gouvernement français décidera qui viendra sur le territoire pour y être protégé.

Qui sont les passagers de l’Aquarius qui souhaitent demander l’asile en France ?

D’après les indications que nous a données le gouvernement espagnol, environ la moitié des passagers de l’Aquarius sont dans ce cas. Il s’agit très majoritairement d’hommes, d’abord des Soudanais, des Érythréens, ainsi que d’autres personnes originaires d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb.

Tous ceux à qui j’ai pu parler étaient rassurés d’être enfin arrivés en Europe. Je les ai sentis paisibles. Ils m’ont dit leur soulagement d’être à bon port, mais m’ont aussi confié combien ce périple a été difficile pour eux.

Quelles sont vos relations avec les autorités espagnoles ?

Notre mission a été préparée en étroite collaboration. L’OFPRA a l’habitude de ces opérations en Europe et dans les pays tiers. Depuis 2014, nous avons mené de très nombreuses missions dans le cadre de réinstallations ou de relocalisations de réfugiés.

Pour la seule année 2017, nous en avons réalisé de nombreuses, en Grèce, en Italie, au Sahel ou au Proche-Orient et nous poursuivons dans ces pays.

Cette opération préfigure-t-elle une meilleure collaboration entre les offices européens ?

Dans le contexte actuel de crispation européenne, ce travail conjoint de protection des demandeurs d’asile juste arrivés en Europe revêt à mes yeux un caractère exemplaire.

Il préfigure déjà à sa façon un premier pas vers l’esquisse d’un office européen de l’asile indépendant que le chef de l’Etat appelle de ses vœux.