L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Catalina Mesa, qui a fui la violence de son pays natal, pour se former au cinéma aux Etats-Unis et en France, est retournée en Colombie pour y filmer Jerico, le village de sa grand-mère. Elle a choisi un panel de huit femmes de l’ancienne génération pour évoquer tout à la fois des destins individuels marqués par le sceau de la souffrance et du stoïcisme, de la dévotion charnelle sud-américaine, dans un monde où les hommes sont absents, morts ou partis, victimes eux-mêmes d’une violence sociale qui est ainsi suggérée en creux.

Haute solitude

Le film, qui alterne dialogues arrangés et mis en situation entre personnages et moults tunnels musicaux évoquant une atmosphère locale haute en couleurs et signes ostentatoires de la religion, repose pour l’essentiel sur les récits de ces femmes solitaires et dignes. A la fois édifiants et pathétiques, ils retracent des expériences très différentes, souvent dramatiques, dont le point commun serait le niveau de haute solitude qui les conclut.

Le nombre des personnages, le caractère qu’on ressent comme fabriqué de leurs rencontres, l’arbitraire de ce monde féminin soustrait à une réalité plus diverse, le point de vue subjectif qui nous prive de la moindre information d’ordre socio-historique sur la ville, la longueur des passages d’ambiance, tout cela, qui relève d’un choix de mise en scène, ôte toutefois beaucoup à la valeur qu’aurait pu à l’évidence avoir ce film.

JERICÓ French trailer
Durée : 01:31

Jerico. L’envol infini des jours. Documentaire colombien et français de Catalina Mesa (1 h 17). Sur le Web : www.arizonafilms.fr/jr_bio.html