Comparatif : HomePod, Echo, Home… Quelle enceinte connectée choisir ?
Comparatif : HomePod, Echo, Home… Quelle enceinte connectée choisir ?
Par Nicolas Six
Tous les modèles phares d’Apple, Amazon et Google sont désormais disponibles en France. Lequel s’offrir ?
LE MONDE
Depuis lundi 18 juin, les enceintes connectées d’Amazon, Google et Apple sont toutes les trois disponibles en France. Pour déterminer la meilleure de ces enceintes, nous leur avons posé plus d’un millier de questions. Voici les résultats de nos tests, par catégories :
Compréhension du français
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Toutes les interrogations lancées à ces enceintes n’ont pas été comprises, loin s’en faut. Même en répétant, en articulant, en reformulant, l’incompréhension demeure souvent. Toutefois, avec ses micros particulièrement sensibles, la HomePod d’Apple n’impose pas d’élever la voix quand on écoute de la musique. Quant à la Home de Google, elle comprend mieux les accents régionaux que ses concurrentes.
L’Echo d’Amazon, en revanche, est à la fois dure d’oreille et légèrement plus mauvaise que ses concurrentes dans un exercice clé : comprendre la majorité des formations possibles d’une même question.
Plaisir d’usage
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Les concepteurs de ces enceintes leur ont donné un ton de voix, des opinions, une pointe d’humour voire des humeurs. Laquelle est la plus agréable à fréquenter ? La voix des enceintes Google et Amazon sonne plus artificiellement que celle de la HomePod, nettement plus mélodieuse et plus détendue. La HomePod offre un profil psychologique plus facile à cerner : elle répond avec plus d’aplomb et fait parfois mine de se vexer.
Malgré ces artefacts d’humanité, l’enceinte d’Apple est un partenaire de discussion totalement improbable. Elle n’est douée ni de logique ni d’empathie. On le perçoit bien quand on lui pose une question délicate, relative au suicide ou à la haine : ses réponses sont récitées, floues et maladroites. Ses concurrentes ne font guère mieux.
Les trois enceintes misent sur un dessin plutôt frais et moderne. / NICOLAS SIX / LE MONDE
La Google Home a un gros défaut : elle ne sait pas se taire. Elle répond à presque toutes les questions quitte à répéter « désolé » inlassablement. Maigre consolation, c’est l’enceinte dotée de l’humour le plus fin et le plus prolixe. L’enceinte d’Amazon, à l’inverse, semble s’être approvisionnée dans un stock de blagues refusées par Carambar : « Quelle est la différence entre Tintin et Milou ? Milou n’a pas de chien ! »
Qualité audio
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Avec des prix étirés de 100 à 350 euros, il n’est guère étonnant que l’enceinte d’Apple sonne beaucoup mieux que ses concurrentes. Avec elle, la musique est plus claire, plus équilibrée, assise sur des basses plus profondes et plus articulées. La HomePod est bluffante lorsqu’on l’écoute dans une pièce difficile : elle est capable de s’adapter automatiquement à l’acoustique du lieu. On peut la changer régulièrement d’emplacement avec la garantie qu’elle sonne bien sans faire le moindre réglage, ce qui en fait un produit unique. Les enceintes de Google et Amazon diffusent un son correct, mais trop déséquilibré et insuffisamment ample pour satisfaire un amateur exigeant.
Fonction juke-box
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Si vous ne disposez pas d’un abonnement musical payant, il sera plus difficile d’écouter vos chansons : vous devrez lancer chaque artiste depuis votre smartphone via une manœuvre laborieuse. Piloter sa discothèque à la voix nécessite un abonnement musical facturé dix euros mensuels, comme Deezer, Spotify ou Apple Music. La HomePod ne fonctionne d’ailleurs qu’avec ce dernier service, refusant la recherche vocale sur Spotify et Deezer. Une façon abrupte de privilégier les intérêts commerciaux d’Apple.
Lancer de la musique à la voix est un vrai plaisir, même si de temps en temps, les commandes vocales montrent leurs limites. Quand on recherche le nom d’un artiste à consonance étrangère, il faut parfois s’y reprendre à plusieurs fois. Et lorsqu’on tente de lancer un album précis, tiré de la discothèque d’un groupe étranger, on échoue assez souvent.
Fonctions de vie pratique
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Nous avons constaté qu’une petite minorité de fonctions marche de façon irréprochable : déclencher un minuteur, effectuer des calculs, consulter la météo. Mais la grande majorité fonctionne vraiment mal : programmer un rendez-vous, s’informer sur la circulation, traduire une phrase. A quoi bon écouter une recette si l’enceinte la prononce à toute vitesse, sans faire la moindre pause ?
Téléphoner est impossible, et seule l’enceinte d’Apple permet d’envoyer des textos. C’est d’ailleurs l’une des rares fonctions exclusives de la HomePod, dont la liste de capacités est bien moins longue que celle de ses concurrentes. L’enceinte d’Apple est notamment incapable de traduire le moindre mot. Toutefois, les fonctions dont est privée la HomePod marchent fort mal sur l’Echo et la Home.
Recherche d’infos
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Quand on leur pose des questions simples, dont les réponses figurent sur Wikipédia, ces enceintes ne répondent correctement, et du premier coup, qu’une fois sur quatre.
Ces trois enceintes sont peu efficaces lorsqu’il s’agit de trouver un restaurant ou de dénicher les horaires d’un film au cinéma. Et quand on leur pose des questions d’opinion, les réponses sont encore moins satisfaisantes. L’enceinte d’Amazon se tait dans presque tous les cas. Celle d’Apple n’hésite pas à conseiller de vieux films mal notés en guise de meilleures sorties au cinéma.
L’enceinte d’Apple occupe un espace nettement plus important que ses concurrentes. Son volume est un peu inférieur à celui d’un ballon de handball. / NICOLAS SIX / LE MONDE
L’enceinte de Google est plus efficace à ce petit jeu, mais elle oublie trop souvent de mentionner ses sources. Or si les films sont classés par Télérama, l’information n’est pas la même que si ce classement vient du Parisien ou des spectateurs d’Allociné.
Domotique et télévision
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Eclairage, chauffage, serrures… Les appareils connectés sont difficiles à associer aux enceintes. Tous sont loin d’être compatibles : Google annonce plus de 1 500 objets domotiques compatibles, Amazon 800, Apple moins de 250.
Côté télévision, il est possible de piloter certains services comme Netflix à condition de posséder un lecteur vidéo Google Chromecast ou Amazon FireTV. Cela permet de lancer une série beaucoup plus rapidement. Mais tous les services de VOD ou de replay des grandes chaînes sont loin d’être compatibles. Ici encore, la HomePod offre des services appauvris : elle ne permet pas de rechercher un programme mais seulement de le mettre en pause, entre autres commandes de base.
Facilité d’usage
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Le premier démarrage est beaucoup plus simple chez Apple. Il suffit de rapprocher un iPad ou un iPhone de l’enceinte : des menus simples et illustrés s’affichent, le réglage prend trois minutes. Le premier paramétrage des enceintes Google et Amazon impose l’installation d’une application et s’avère plus complexe. Par la suite, on est plus souvent forcé de rouvrir l’application pour changer des paramètres. Activer certaines fonctions requiert même beaucoup de persévérance. Ces trois enceintes permettent de régler le volume en posant le doigt sur leur sommet. Ce réglage est nettement plus facile chez Amazon et Apple que chez Google.
Les touches de volume de la Google Home sont invisibles tant qu’on ne pose pas le doigt sur le sommet de l’enceinte. Elles fonctionnent de façon circulaire. / NICOLAS SIX / LE MONDE
Vie privée
QUENTIN HUGON / LE MONDE
Comme tout objet connecté doté de micros, ces enceintes présentent un risque de piratage. Mais le risque d’être espionné par Google et Amazon est bien plus concret. Apple fait des efforts importants pour anonymiser les informations collectées sur les utilisateurs de la HomePod, alors que Google et Amazon collectent toutes les recherches effectuées avec leurs enceintes de façon nominative. Elles leur apportent de précieux renseignements sur vos goûts et vos centres d’intérêt.
Google s’en sert pour vendre aux annonceurs les publicités ciblées qui font sa fortune, tout comme Amazon, qui les utilise aussi pour cibler ses propres recommandations de produits. L’enceinte d’Apple est indiscrète : elle donne accès aux textos de l’iPhone de son propriétaire. Cette fonction est heureusement désactivable. La HomePod est incapable de distinguer la voix du propriétaire de l’iPhone des autres membres de la famille. Les enceintes de Google et d’Amazon peuvent le faire, mais il faut en passer par un très laborieux travail de paramétrage qui rebutera la plupart des utilisateurs.
Conclusion
LE MONDE
Les enceintes connectées de Google et Amazon échouent juste en dessous de la moyenne, la HomePod fait à peine mieux. Parmi les services dont elles font la publicité, seules la météo et la musique fonctionnent de façon simple et fiable. Pour beaucoup de consommateurs, c’est un achat parfaitement dispensable.
Mais si vous êtes curieux, patient, que vous n’avez pas peur d’explorer de longs menus de paramètres, ces enceintes trouveront probablement une place dans votre quotidien. Plutôt que d’acheter un modèle facturé cent euros, optez plutôt pour un modèle « mini » facturé deux fois moins cher.
Si vous possédez un abonnement musical illimité, vous pourriez même être ravi par votre achat. Les modèles de Google et Amazon ne diffusent pas un son très équilibré, mais on peut relier le modèle d’Amazon à une chaîne hi-fi. C’est la solution audiophile la moins coûteuse.
Pourquoi pas la HomePod ? Elle rend moins de services que ses concurrentes, mais plus facilement, et plus agréablement. Sa qualité audio est largement supérieure, elle s’adapte ingénieusement aux pièces à l’acoustique difficile. Hélas, la HomePod est chère, compatible uniquement avec les iPhone et les iPad, et réservée aux abonnés Apple Music. Ce qui la prive d’une large clientèle.
Comme alternative, on peut se tourner vers une quatrième enceinte, la Sonos One (200 euros). Elle intègre le même assistant personnel que l’Amazon Echo et sa qualité sonore est bien meilleure.
L’enceinte Sonos One rend exactement les mêmes services vocaux qu’une Amazon Echo. Comme la Apple HomePod, elle est capable de s’adapter à l’acoustique d’une pièce. Contrairement à l’enceinte d’Apple, cette fonction n’est pas automatique, et elle s’avère aussi moins efficace. / NICOLAS SIX / LE MONDE