Trois idées de séries à voir sur canapé ensoleillé
Trois idées de séries à voir sur canapé ensoleillé
Chaque mardi, « La Matinale du Monde » propose un choix de séries à (re)découvrir sur petit écran.
LES CHOIX DE LA MATINALE
Notre liste de recommandations fait fi de la canicule à venir. Suivez-nous...
« Westworld » : une complexité qui confine à l’absurde
Westworld 2x10 Promo "The Passenger" (HD) Season Finale
Westworld n’est pas un récit limpide et linéaire, comme le savent les fans de cette série dont la diffusion du long dernier épisode de la saison 2 (76 minutes), en simultanéité avec les Etats-Unis, dans la nuit du 24 au 25 juin, était très attendue. A tel point que des sites Internet se sont évertués à décrypter ses chicanes et rhizomes narratifs, ses temporalités mêlées, etc., voire à les mettre à plat, dans le bon sens, en une version contractée de quelque 90 minutes proposée par Out West. La chose est d’autant plus facile que Westworld ne manque pas de longueurs et de béances. Quand il fut connu que le succès rapide de la série allait garantir une deuxième puis une troisième saison, le tempo s’est mis encore à ralentir, le propos à se délayer – jusqu’à l’absurde.
On aura regardé tous les épisodes (même après la fin du générique du dernier, qui réserve une surprise), on s’y sera considérablement ennuyé (particulièrement au huitième) et l’on aura ri de la prétention insondable des auteurs de ce vain labyrinthe et de leurs grandes interrogations pseudo-éthiques. On rappellera pour mémoire le film original Mondwest (1973), de Michael Crichton, formidable concentré de départ à ces interminables variations. Renaud Machart
Westworld, saison 2, série créée par Lisa Joy et Jonathan Nolan, adaptée du film Mondwest de Michael Crichton. Avec Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Jeffrey Wright, Ed Harris, Anthony Hopkins (EU, 2018, 10 x 55-86 min.) OCS Go à la demande.
« The Affair » reprend des couleurs
The Affair Season 4 (2018) | Official Trailer | Ruth Wilson & Dominic West SHOWTIME Series
La quatrième saison de The Affair – dont nous avons vu six épisodes sur dix – renoue non sans bonheur avec la trame formelle des débuts de la série, après une troisième saison moins inventive. Désormais, les quatre personnages principaux vivent séparés les uns des autres même si la partition des épisodes en deux points de vue sur les mêmes faits persiste. (Rappelons que l’idée de départ de Hagai Levi, avant qu’il ne laisse les rênes de la série à sa coauteure Sarah Treem en saison 2, reposait sur « notre envie à tous de savoir ce que pense celle ou celui avec qui nous partageons notre vie ».)
Si ce procédé permettant de sauter d’une vie à l’autre a perdu une part de sa force narrative, il n’empêche que The Affair reprend des couleurs et un aspect plus psychologique en se recentrant sur les deux ex-amoureux et leurs deux ex-conjoints, chacun continuant de se débattre pour s’accommoder de son passé, voire de sa part d’enfance toujours active. Martine Delahaye
The Affair, saison 4, série créée par Sarah Treem et Hagai Levi. Avec Ruth Wilson, Dominic West, Maura Tierney et Joshua Jackson (EU, 2018, 10 x 52 min.). Canal+ Séries à la demande.
« Peaky Blinders » : trauma et reconstruction
Episode 1 Sneak Peek - Peaky Blinders - Series 1 - BBC First
La série britannique Peaky Blinders va jouer les prolongations grâce à trois nouvelles saisons à venir, si l’on en croit des confidences de son créateur, Steven Knight. Que vous ayez ou non déjà découvert cette élégante et virtuose histoire d’une famille de gangsters dans le Birmingham de l’entre-deux-guerres, l’on ne peut que vous recommander d’écouter en replay l’émission de France Culture Entendez-vous l’éco ? Le 17 avril, Maylis Besserie et ses deux invités y décryptaient le contexte économique anglais qui vit réellement naître le gang des Peaky Blinders, à la fin du XIXe siècle, dans la capitale industrielle du pays. Ils y évoquent la façon dont la série prend en compte le syndrome post-traumatique de la première guerre mondiale dans une Angleterre en reconstruction, mais aussi l’indépendantisme irlandais, la prohibition ou encore la coupe de cheveux si particulière de ses personnages.
Sacrée « Meilleure série dramatique » en 2018 – lors de la cérémonie des Bafta Awards, qui récompense les meilleurs programmes de la télévision britannique –, Peaky Blinders jouit d’un tel engouement au Royaume-Uni que la ville de Dudley va lui consacrer pas moins de quatre jours de festival, en septembre. La cinquième saison, elle, n’est pas attendue avant 2019, au vu de la difficulté de réunir sur un même lieu, le temps d’un tournage, toute la troupe de ses excellents comédiens, aujourd’hui très sollicités. M. De.
Peaky Blinders, série créée par Steven Knight. Les quatre saisons produites à ce jour sont disponibles sur Netflix.