Présentation du « Livre bleu outre-mer » censé définir la politique pour les outre-mer
Présentation du « Livre bleu outre-mer » censé définir la politique pour les outre-mer
Le Monde.fr avec AFP
La ministre des outre-mer, Annick Girardin, doit dévoiler la synthèse des Assises des outre-mer, une promesse de campagne d’Emmanuel Macron lancée en octobre.
Après une consultation de plusieurs mois pour faire remonter besoins et projets du terrain, le « Livre bleu outre-mer », censé définir la politique du gouvernement pour les outre-mer durant le quinquennat, est dévoilé, jeudi 28 juin, à l’Elysée.
En présence du premier ministre, Edouard Philippe, du gouvernement et d’élus ultramarins, la ministre des outre-mer, Annick Girardin, doit dévoiler la synthèse des Assises des outre-mer, une promesse de campagne d’Emmanuel Macron lancée en octobre.
Au total, 26 000 personnes y ont participé – sur une population de 2,7 millions d’Ultramarins –, au travers d’une consultation par Internet, et de 551 ateliers et 219 réunions publiques.
L’objectif était de « redonner la parole à ceux qui ne la prennent plus et ont perdu confiance en l’action publique », pour aboutir à « des projets concrets, qui répondent à des besoins réels, diagnostiqués territoire par territoire », a répété la ministre pendant des mois.
Vingt-huit thèmes
Le résultat tient dans un « Livre bleu outre-mer » de 200 pages où se déclinent en 28 thèmes (éducation, santé, tourisme, etc.), qui constitueront « la feuille de route du gouvernement », et l’engagera jusqu’à la fin du quinquennat.
Des priorités sont affirmées : « L’ancrage régional » de chaque territoire ultramarin, « les filières économiques » pour développer l’emploi localement, et « la différenciation » des territoires, selon l’Elysée. Tout comme « les fondamentaux » : la sécurité, la santé et l’éducation. Ainsi que « la transparence », avec des « indicateurs » pour évaluer l’avancée des mesures. Le Livre est accompagné d’un « carnet », intitulé « Territoire de projets », qui réunira les projets remontés du terrain, « dont l’Etat s’engage à examiner la faisabilité ».
Car Emmanuel Macron veut mettre en avant « une approche par projet », « une échelle de temps plus adaptée », entre « le temps de la crise et le temps du long terme », qui caractérisent souvent la politique outre-mer.
Cette approche sera concrètement mise en œuvre dès jeudi avec « des rencontres projets », sous la forme de « speed dating », pour permettre à 25 porteurs de projets ultramarins (collectivités, entreprises, associations, société civile) d’être accompagnés par 25 décideurs de haut niveau (ministres, opérateurs publics, etc). Au total, 1 330 projets issus du terrain ont été recensés ainsi que 850 issus d’un concours d’innovation.
Mais ce Livre bleu a suscité attentes et interrogations, beaucoup s’inquiétant du retard pris, plus d’un an après le début du quinquennat. D’autant que beaucoup de sujets ont été renvoyés à ces assises : comme le Fonds vert, la cité des outre-mer, le plan additionnel de 2,1 milliards pour la Guyane, etc. La réforme des aides économiques aux entreprises y figure également.
Précédents décevants
Dans les esprits flottent toujours les exercices similaires réalisés par les précédents gouvernements, comme les « Etats généraux des outre-mer » lancés par Nicolas Sarkozy en 2009, dont les résultats ont déçu nombre d’Ultramarins.
« Je peux vous dire que je ne vous lâcherai pas », a déclaré Emmanuel Macron mercredi soir à la centaine d’élus ultramarins invités à dîner à l’Elysée, promettant qu’il s’attacherait « à ce qu’il y ait des suites », avec une « méthode » « au plus près du terrain, en se donnant les moyens et une ambition nationale ». « L’Etat prendra sa part de responsabilités, mais il faut qu’ensemble nous en faisions des résultats concrets », a-t-il dit, assurant que « tout le gouvernement » était « mobilisé ».
Attentes de la population
« La population est dubitative, elle attend, elle veut du concret », affirme Max Mathiasin, député guadeloupéen (apparenté Modem), qui réclame pour son territoire des mesures contre le chlordécone et les sargasses, pour améliorer l’offre de soins et relancer l’économie.
Mais le député de Guyane Gabriel Serville (GDR) « ne croit pas un seul instant » que le Livre bleu aboutira à des résultats, et s’inquiète surtout de son articulation avec « les Etats généraux de la Guyane », consultation locale lancée après le mouvement social de mars-avril 2017.
Mansour Kamardine, député LR de Mayotte, espère de son côté « que le gouvernement a suffisamment compris la détresse des Mahorais », en matière de développement économique et de lutte contre l’immigration.
« Quand le gouvernement dit : “On prend l’initiative de consulter”, légitimement on attend des choses, des actions et les moyens en face », prévient Ericka Bareigts, députée (NG) de La Réunion, ancienne ministre des outre-mer.