Documentaire sur Arte à 23 h 05

L’expérience vaut ce qu’elle vaut, mais elle n’en est pas moins très alléchante. Elle s’adresse avant tout à un public de passionnés du Tour de France, férus de statistiques et de comparaisons. L’idée du documentaire de Fons Feyaerts, un rien saugrenue, consiste à organiser, en quelque sorte, une étape de la Grande Boucle à laquelle participeraient certains de ses anciens vainqueurs.

Et pas n’importe quelle étape, celle qui s’achève au sommet du mont Ventoux. Coureurs cyclistes et aficionados de la petite reine savent ce que ce nom inspire de craintes, suggère de souffrances, promet d’efforts et d’effroi. Rappelons que c’est sur ses pentes que l’Anglais Tom Simpson a trouvé la mort le 13 juillet 1967. Mais c’est aussi au sommet de ce mont chauve, sec et aride, que se récoltent les plus belles victoires et se forgent les plus grandes gloires.

Alors voici donc, grâce à la­ ­technologie et à un minutieux ­montage d’images d’archives, le Belge Eddy Merckx, les Français Jean-François Bernard et Richard Virenque, l’Italien Marco Pantani et l’Espagnol Juan Manuel Garate réunis virtuellement au pied du mont Ventoux, prêts à en ­découdre sur les pentes terribles du géant.

Douleur et limites

Ces cinq-là l’ont vaincu, en leur temps : Merckx en 1970, Bernard en 1987, Pantani en 2000, Virenque en 2002 et Garate en 2009. Ils sont aussi les seuls dont on puisse comparer les performances puisqu’ils ont emprunté le même tracé, du pied au sommet. En revanche, on soulignera quelques entorses à l’équité : les cinq n’avaient pas parcouru la même distance durant l’étape, ni pédalé le même nombre de jours avant. Ajoutons encore les conditions météo, et l’évolution du matériel, pour se convaincre que comparaison n’est pas raison.

Mais qu’importe peut-être si la démonstration n’est pas ­convaincante et le propos un peu brouillon. Les images s’enchaînent, les hommes suent et souffrent, les images en noir et blanc d’hier se fondent avec les couleurs d’aujourd’hui. Par-delà des époques, chacun se retrouve face à soi-même, seul face à la douleur et à ses limites. On se laisse finalement prendre au jeu, curieux de connaître le nom du vainqueur de cet improbable rendez-vous avec le Ventoux. Alors, un pronostic ?

Le Roi du mont Ventoux, de Fons Feyaerts (Fr-Bel, 2013, 72 min).