TV – « Westworld » se noie dans la prétention et l’ennui
TV – « Westworld » se noie dans la prétention et l’ennui
Par Renaud Machart
La deuxième saison de la série créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy tire ad nauseam une trame dont la complexité confine à la complication (sur OCS à la demande).
WESTWORLD Saison 2 Bande Annonce Finale (2018)
Le Far West d’anticipation qu’est Westworld, la série créée, en 2016, par Jonathan Nolan et Lisa Joy, n’est pas d’un récit limpide et linéaire. Comme le savent les fans de cette série, dont la diffusion du long (1 h 16) dernier épisode de la saison 2, en simultanéité avec les Etats-Unis, dans la nuit du 24 au 25 juin, était très attendue. A tel point que des sites Internet se sont évertués, depuis que culs-de-sac, fausses pistes et doubles jeux ont brouillé les ressorts narratifs de la série, à décrypter ses chicanes et rhizomes, ses temporalités mêlées, etc. Voire à les mettre à plat, dans le bon sens, en une version contractée de quelque quatre-vingt-dix minutes proposée par Out West.
La chose est d’autant plus facile que Westworld ne manque pas de longueurs et de béances. Quand il fut connu que le succès rapide de la série allait garantir une deuxième, puis une troisième saison, le tempo s’est mis à ralentir notablement, le propos à se délayer – jusqu’à l’absurde.
Vain labyrinthe
La première saison nous avait intéressés, captivés même, à l’occasion, par ses thématiques assez osées à propos de la manipulation des androïdes, de leur sujétion programmée aux désirs sexuels et létaux des humains, dans un parc à thèmes à la technologie hypersophistiquée, et par l’inévitable retournement des créatures contre leurs créateurs.
On aura regardé tous les épisodes de la deuxième saison (même après la fin du générique du dernier, qui réserve une surprise). On s’y sera considérablement ennuyé (particulièrement au huitième, conçu comme une parenthèse en séquence onirique) et l’on aura ri de la prétention insondable des auteurs de ce vain labyrinthe et de leurs grandes interrogations pseudo-éthiques.
La thématique n’est pas nouvelle – on se souvient de la série suédoise Real Humans : 100 % humain, créée par Lars Lundström, diffusée par Arte en 2013 et 2014. On se souvient surtout du film original Mondwest (1973), de Michael Crichton (auteur du livre dont son film et la série Westworld se sont inspirés), formidable concentré de départ à ces interminables et vaines variations.
Westworld, saison 2, série créée par Lisa Joy et Jonathan Nolan, adaptée du film Mondwest, de Michael Crichton. Avec Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Jeffrey Wright, Ed Harris, Anthony Hopkins (EU, 2018, 10 x 55-86 min.)