Alliance entre Carrefour et Tesco pour leurs marques de distributeur
Alliance entre Carrefour et Tesco pour leurs marques de distributeur
LE MONDE ECONOMIE
Les deux groupes ont annoncé un partenariat stratégique de long terme dans leurs achats, qui s’appliquera partout, à l’exception de la Pologne et de la Chine
Autrefois isolé dans le rapport de force face aux industriels, le groupe Carrefour multiplie ces derniers mois les partenariats d’envergure. Lundi 2 juillet, le distributeur français et son homologue britannique Tesco ont annoncé un partenariat stratégique de long terme dans leurs achats. Cet accord, qui s’appliquera à tous les pays, à l’exception de la Pologne et de la Chine, devrait être « finalisé dans un délai de deux mois », d’après le communiqué des deux groupes, pour être opérationnel à la rentrée.
Il concerne exclusivement « l’achat en commun de produits de marque propre et de biens non marchands ». Comme, par exemple, le jus d’orange, les mouchoirs, les couches-culottes, vendus sous la marque Carrefour ou sous la marque de distributeur de Tesco, mais aussi les carrelages, les éclairages des magasins…
Les produits de marques de distributeur (MDD) représentent près de 50 % des ventes du groupe britannique, et autour de 25 % chez Carrefour. Dans son plan de transformation, annoncé le 23 janvier, l’enseigne française s’est donné pour objectif de réaliser un tiers de son chiffre d’affaires avec des produits sous la marque Carrefour d’ici à 2022.
Vente de services aux marques
Les deux enseignes discutent ensemble depuis neuf mois. Le britannique n’a jamais conclu d’accord de ce type. Un temps en difficulté, victime de la concurrence des enseignes classiques et de l’émergence des hard-discounters, Tesco commence à renouer avec la croissance. En baissant ses prix et en simplifiant ses gammes, il a réussi à séduire de nouveau ses consommateurs, et réalise avec près de 6 800 magasins dans 9 pays autour de 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Mais il risque de perdre sa première place sur le marché britannique, où il détient 28 %, avec la fusion annoncée en avril de Sainsbury’s, le numéro deux du secteur, avec Asda, le numéro trois. L’alliance avec Carrefour (88,24 milliards d’euros de chiffres d’affaires total en 2017) permettrait à Tesco de compenser en partie cette nouvelle recomposition du secteur.
L’accord entre Carrefour et Tesco prévoit également un partenariat sur les relations stratégiques avec leurs fournisseurs. Ce qui signifie la vente de services auprès des grandes marques internationales (marketing, données…). Comme, par exemple, la mise en commun de leur force de frappe pour la sortie d’un nouveau produit.
De son côté, Carrefour intègre un partenaire supplémentaire dans ses coopérations à l’achat, après s’être associé avec Système U pour les grandes marques internationales vendues en France − l’accord a été finalisé en juin −, et avec le groupe Fnac Darty sur les produits électroménagers et électroniques grand public vendus en France, en décembre 2017.
Profiter d’un effet de volume
Depuis 2014, les acteurs de la distribution ont entrepris de se regrouper sur certaines catégories de produits pour mutualiser leurs achats. Cela afin de profiter ainsi d’un effet de volume pour obtenir des prix toujours plus bas. Mais les premières alliances n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances, ce qui a donné lieu ces derniers mois à une recomposition frénétique du paysage.
Auchan Retail, groupe Casino, Metro et le groupe Schiever ont annoncé, le 29 juin, la concrétisation de leur coopération aux achats, à l’international et en France, avec un ensemble de centrales d’achat dénommées « Horizon ». Tandis que Système U, autrefois partenaire d’Auchan et initialement dans cette nouvelle alliance, s’est rapproché, au mois d’avril, de Carrefour, et qu’Intermarché s’est séparé de son ex-allié Casino.
II y a un an, lors de son arrivée à la tête du groupe Carrefour, son PDG, Alexandre Bompard, avait immédiatement dressé la liste des points faibles du groupe et fait le constat que, dans ces domaines, il lui fallait s’associer pour aller plus vite. Depuis, le distributeur a fait alliance en Chine avec le géant local du numérique, Tencent, et la chaîne de supermarchés Yonghui, en janvier. Et, dans le numérique, il a noué un partenariat stratégique avec Google, annoncé en juin. Autant de partenaires aux noms plutôt prestigieux qui valorisent le nouvel élan stratégique de Carrefour.