La Gazette de la Coupe du monde : ouragan Kane, Vikings coupeurs de têtes et prémonition maudite
La Gazette de la Coupe du monde : ouragan Kane, Vikings coupeurs de têtes et prémonition maudite
Par William Audureau
L’Angleterre, qui a battu la Colombie (1-1, 4 à 3 aux tirs aux buts), rejoint en quarts de finale la Suède, qui s’est défaite de la Suisse (1-0). Mais l’essentiel était ailleurs.
LE TSAR DU JOUR
Harry Kane, toujours plus haut. / MATTHIAS SCHRADER / AP
Il enquille les records comme les buts. Dans l’ombre d’un Neymar fantasque et irritant, l’Anglais Harry Kane incarne dans cette Coupe du monde l’attaquant parfait, modeste, constant et d’une efficacité clinique. Contre la Colombie, il a marqué son troisième penalty de la compétition, pour son sixième but en tout, ce qui fait de lui le meilleur buteur actuel du tournoi, en toute décontraction.
Depuis 1990, seul Ronaldo a fait mieux (huit buts en 2002), mais c’était sur l’ensemble d’une compétition. Or Kane, lui, n’a eu besoin que de trois matchs (Panama, Tunisie, Suisse, sachant qu’il était préservé contre la Belgique). Avec encore au moins quatre-vingt-dix minutes à jouer, contre la Suède en quarts de finale, voire 270 au minimum en cas de qualification (quarts, demi, et finale ou match de classement), le buteur de Tottenham peut aller encore plus haut.
De toute façon, l’« ouragan » (hurricane, dans la langue de David Beckham) en veut toujours plus. En passant, il a égalé le record de penalties transformés dans une même Coupe du monde (trois, comme le Bulgare Hristo Stoichkov en 1994) ; le record de buts inscrits par un Anglais dans une même édition (six comme Gary Lineker en 1986) ; et comme le relève la société de veille statistique OptaJean, il est devenu le premier joueur de Sa Majesté à marquer lors de six matchs consécutifs (depuis Tommy Lawton, en 1939.)
The Hurricanes Générique Français
Et puisqu’il est forcément plus difficile de perdre avec un tel attaquant, l’histoire retiendra qu’Harry Kane a également été le premier buteur de la première séance de tirs au but remportée par l’Angleterre en Coupe du monde, après trois échecs traumatisants en 1990, 1998 et 2006. Ebouriffant.
DU CÔTÉ DE CHEZ VLAD
Champions du monde suédois marchant vers le destin qui leur est promis (huile sur toile, 2018). / GREGORIO BORGIA / AP
Combien de temps avant que la Suède ne finisse par faire peur ? Leur parcours le dit pourtant : ces Vikings-là sont des coupeurs de têtes, et de têtes de série de préférence.
Voyez donc : ni vue ni connue, la Blågult est sortie en qualifications du groupe des finalistes du mondial 2010 et de l’Euro 2016, les Pays-Bas et la France ; elle a écarté en barrages les triples champions du monde italiens ; elle a terminé première en phase de groupe devant le Mexique et accessoirement l’Allemagne, tenante du titre ; et elle vient de renvoyer en gare la Suisse, qui, l’air de rien, est l’actuelle sixième nation mondiale au classement FIFA.
Avantage des fontaines municipales : elles gardent les cannettes de bières, les fesses, et les fans au frais. / TT NEWS AGENCY / REUTERS
Mikael Lustig, son défenseur international, aime bien ce parcours à la David contre Goliath (dans cette métaphore, précisons à toutes fins utiles que les Suédois sont David) : « Nous avons prouvé à maintes reprises que, même lorsque nous jouons contre les grandes nations, nous trouvons le moyen de gagner. Cette Coupe du monde a été folle jusqu’à présent et j’espère que cela va continuer comme ça. »
L’Angleterre, unique nation à avoir déjà soulevé le trophée Jules Rimet dans la partie de tableau de la Suède, a une tête de client idéal pour prolonger la belle série.
L’ŒIL DE MOSCOU
Le problème, quand on revient du futur, c’est toujours le même : les gens ne vous croient pas. Tenez, prenez l’exemple de Diego Costa, l’attaquant espagnol, dont les images captées durant la séance de tirs au but de dimanche face à la Russie continuent de faire grincer de l’autre côté des Pyrénées.
La reacción de Diego Costa a Fernando Hierro tras el fallo de Koke en el penalti
A plusieurs reprises, le rugueux avant-centre de l’Atlético Madrid semble vouloir avertir ses partenaires que faire tirer Koke, son partenaire en club, n’est pas forcément une bonne idée. Ni le capitaine Gerard Piqué ni l’entraîneur Fernando Hierro ne lui prêtent attention.
Quelques instants plus tard, Koke voit sa frappe détournée, première des deux tentatives fatales à l’Espagne. « Te lo dije ! » (« Je te l’avais dit »), commente alors avec amertume Diego Costa, qui, la prochaine fois qu’il revient du futur, organisera peut-être une séance diapo pour qu’on le croie un peu plus.
KOMINTERN
La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.
Quand on est une célèbre plate-forme de location de logements, se réveiller un 2 juillet pour surfer sur la Coupe du monde, a priori, c’est un peu tard.
« A l’heure où la fièvre du foot gagne le monde entier, entrez au cœur de l’action avec [site de logement]. Rejoignez des champions de freestyle et des joueurs amateurs, encouragez les équipes locales et plongez-vous dans le plus populaire des sports grâce à des expériences organisées par supporteurs, entraîneurs et autres fans de foot. »
On a fini par comprendre à qui s’adressait ce communiqué : aux pauvres joueurs danois, sortis par la Croatie, à qui [ce fourbe réseau social] recommande une « session freestyle à Copenhague », et à ce qui reste de la Roja, piteusement sortie par la Russie, à qui [cette boîte américaine vraiment sadique, en fait] propose au choix un voyage à Barcelone (« Equipez-vous pour un match amical ») ou à Madrid (« Travaillez votre technique au ballon »). Un certain David2Gea_1990 viendrait de créer son compte.
POUCHKINE BALL
La Gazette est toujours poète. Aujourd’hui, des mots d’Alexandre Pouchkine, qui a posé un petit slam pour son « poto » Zlatan, retraité esseulé et raillé depuis que la Suède, débarrassée de lui, parvient enfin à franchir les huitièmes de finale.
Mes jours se traînaient silencieux
dans une sombre réclusion,
sans génie, sans inspiration,
sans vie, sans amour et sans larmes.
Alexandre Pouchkine – A *** (avant le duel)
LA MÈRE PARTIE
Il faudra se lever un peu tôt, c’est sûr, mais à 4 heures du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, le cinquième de la conférence Ouest, le Real Salt Lake, reçoit le leader, le Sporting de Kansas City, pour le compte de la 10e journée de MLS, le championnat de football américain.
Sinon, il y a Lucas Pouille et Roger Federer qui entament leur second tour à Wimbledon à partir de 13 heures. Et se tenait dimanche à Florence en Italie la finale de la Coupe du monde de Quidditch (remportée 120-70 par les Etats-Unis contre la Belgique), mais c’est déjà passé. Sinon, le championnat de France de water-polo des moins de quinze ans débute cette semaine.
The USA win the Quidditch World Cup in Florence, Italy, after beating Belgium
Bref, oui, on sait, ça va être dur, cette journée sans aucun match de Coupe du monde de foot, et ça ne sera pas mieux jeudi. Reprise prévue vendredi, 16 heures, avec un certain Uruguay-France.
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