Dix mangas coups de cœur à retrouver sur les stands de la Japan Expo
Dix mangas coups de cœur à retrouver sur les stands de la Japan Expo
Science-fiction, action, fresque historique… Le blog mangas de la rédaction du « Monde » a choisi dix titres parmi les nombreuses sorties de BD japonaise en France.
La convention Japan Expo, qui se tient du jeudi 5 au dimanche 10 juillet au parc des expositions de Villepinte, rassemble comme chaque année des milliers d’amateurs de culture populaire japonaise et notamment de mangas.
Parmi les très nombreuses nouvelles séries et histoires dénichées par les éditeurs français au Japon cette année, voici dix coups de cœur que le blog mangas de la rédaction du Monde, Les enfants d’Akira, a choisi de partager avec ses lecteurs – et pour les débutants, il reste toujours le « Mangadvisor », le générateur mis au point par Pixels pour trouver son premier manga.
« Cavale vers les étoiles »
« Cavale vers les étoiles » s’inscrit dans la pure tradition cyberpunk. / CASTERMAN
« Cyberpunk is not dead », annonce fièrement la quatrième de couverture. Et on ne peut qu’approuver ce message, à la lecture de Cavale vers les étoiles, ce « one-shot » délirant de Ryoma Nomura. Il met en scène Kinu, gamine martienne, intrépide et violente, dans une course-poursuite survoltée. Objectif : Mars, à coups de poing dans la figure et autres brutalités au grotesque assumé. Les membres – cyborgs – volent, se rachètent, se réparent, dans la pure tradition cyberpunk, auquel l’ouvrage parvient tout de même à apporter un nouveau regard.
Cavale vers les étoiles, de Ryoma Nomura, éditions Casterman, 11,95 €.
« Origin »
« Origin » prend place dans un Tokyo de 2048 tenu par la corruption. / PIKA
Derrière Origin, Boichi, mangaka sud-coréen exilé au Japon après un durcissement de la censure dans son pays, et sans doute le dessinateur seinen le plus doué de sa génération. Spécialisé dans la représentation des corps masculins et féminins, à un point qui frise l’obsession, il a signé un nombre impressionnant de séries, dont Sun Ken Rock. Ici, il développe une histoire de science-fiction dans un Tokyo de 2048 tenu par la corruption et la pègre malsaine. Le héros, Origin, enquête sur des meurtres commis par des robots dotés, comme lui, d’une puissance démesurée, mais à la morale pervertie.
Origin, de Boichi, éditions Pika, 7,75 euros chaque tome.
« Made in Abyss »
« Made in Abyss » narre la vie difficile de la petite Rico et de ses camarades orphelins. / OTOTO
Ici, il ne faut pas se fier au dessin naïf et rond. Cette série très saluée par la critique n’épargne rien à ses personnages attachants mais condamnés à une dure vie de labeur et d’exploitation. L’intrigue démarre à Orse, sorte de cité prospère construite autour d’une énorme faille, dont les profondeurs renferment faune et flore sauvages mais aussi des reliques qui se monnayent cher. On y suit la vie difficile de la petite Rico et de ses camarades orphelins formés pour devenir apprentis « caverniers », les aventuriers qui se risquent, au péril de leur vie, à la collecte d’antiquités dans l’abysse.
Made in Abyss, d’Akihito Tsukuchi, éditions Ototo, 8,99 euros chaque tome.
« Renjoh Desperado »
Dans « Renjoh Desperado », une combattante part à la recherche du mari parfait. / KUROKAWA
Alerte femme dure à cuire. Dans une ambiance à la croisée du Far West et du crépuscule de la période féodale japonaise, Monko est une combattante vagabonde qui voyage seule à la dure. Fine lame à la technique parfois désordonnée, la jeune femme suit une voie classique pour les héroïnes, mais surprenante pour les guerrières de son acabit : trouver un mari parfait.
Véritable cœur d’artichaut, Monko ne se laisse pourtant pas raconter de salades et se retrouve bien souvent à prêter main-forte à des prétendants médiocres. Le mangaka Ahndongshik aurait pu se savonner la planche en inversant les stéréotypes des histoires d’action, prêtant à une femme le rôle de chevalier servant. C’est, au contraire, une nouvelle lecture des mangas de combats et d’humour et une certaine réappropriation des codes, maintes fois empruntés par Quentin Tarentino à la pop culture asiatique, qui est ici proposée.
Renjoh Desperado, de Ahndongshik, éditions Kurokawa, 7,65 chaque tome.
« L’Histoire des 3 Adolf »
« L’histoire des 3 Adolf » est une des œuvres majeures d’Osamu Tezuka. / DELCOURT-TONKAM
En fin de carrière, Osamu Tezuka, l’un des plus grands mangakas, disparu en 1989, travaille à laisser un legs. Avec les œuvres de cette époque, le père d’Astroboy cisèle une œuvre plus sombre et adulte, mais aussi pacifiste et humaniste. Rééditée en épais et prestigieux ouvrage à l’occasion du 90e anniversaire de sa naissance, et pour la première fois dans un sens de lecture japonais, L’Histoire des 3 Adolf se centre sur le traumatisme de la guerre et reste résolument d’actualité.
L’intrigue, qui commence aux Jeux olympiques de Berlin sous le IIIe Reich pour s’achever au cœur du conflit israélo-palestinien, raconte le destin croisé d’hommes que l’histoire sépare, mais qui vont finalement se déchirer autour de l’amour d’une femme. Une œuvre de fiction historique violente et nécessaire, tissée comme un polar.
L’Histoire des 3 Adolf, d’Osamu Tezuka, éditions Delcourt-Tonkam, intégrale en deux tomes à 29,99 euros chacun.
« The Promised Neverland »
« The Promised Neverland » est une série réalisée par de parfaits inconnus. / KAZÉ
C’est l’un des hits de l’année. Réalisé par de parfaits inconnus, The Promised Neverland joue avec les peurs enfantines. Les orphelins Grace Field House vivent depuis leur naissance dans un cadre idyllique mais ont toutefois interdiction de dépasser l’enceinte du parc. Ce cadre enchanteur va brusquement se briser quand les plus âgés vont comprendre qu’ils sont tous à terme en danger de mort. Ils décident de s’enfuir avec leurs frères et sœurs, mais ils ignorent totalement ce qui les attend à l’extérieur. Empruntant au thriller et à la bataille psychologique, cette nouvelle série est souvent comparée pour son originalité au best-seller Death Note.
The Promised Neverland, de Kaiu Shirai et Posuka Demizu, éditions Kazé, 6,79 euros chaque tome.
« La virginité passée 30 ans »
« La virginité passé 30 ans » oscille entre enquête sociologique statistique et portraits individuels. / AKATA
« Individualisation de la société, nucléarisation de la famille, baisse de la natalité, précarisation de l’emploi, effondrement des valeurs familiales, progression du statut social des femmes… » Ce sont, parmi d’autres, quelques-unes des raisons qu’avance l’auteur Atsuhiko Nakamura pour expliquer le phénomène des « puceaux tardifs » au Japon.
En huit portraits, dont le sien, il offre, à la manière d’un documentaire, un panorama effrayant de ce phénomène qui touche plus d’un quart des hommes japonais qui ne réussissent pas à établir de relations avec le sexe opposé. Entre enquête sociologique statistique et portraits individuels de cas représentatifs, l’auteur nous fait plonger dans un monde où le désespoir est extrême, mais dont la rédemption n’est pas exclue.
La Virginité passé 30 ans, d’Atsuhiko Nakamura et Sakuraichi Bargain, éditions Akata. Tome unique à 15 euros.
« Hanada le garnement »
Le héros de « Hanada le garnement » doit aider des spectres à trouver la paix. / KI OON
A l’image de nombreux personnages en culottes courtes, Hanada Ichiro a neuf ans et est sacrément turbulent. Dessiné dès 1993 par Makoto Isshiki, révélé plus tard pour le superbe Piano no mori, ce petit héros chauve comme un bonze devient particulièrement intéressant lorsque, à la suite d’un accident, il se met à voir des esprits. Une gageure quand on sait qu’une seule chose intimide le diablotin : les fantômes. Le gamin va être harcelé par des spectres et devoir les aider à trouver la paix chapitrant cette fable drôle et attachante.
Hanada le garnement, de Matoko Isshiki, éditions Ki-oon, 7,90 euros chaque tome.
« Otaku otaku »
Comme son nom l’indique, « Otaku otaku » est un hommage... aux otakus. / KANA
Comme « nerd », « no-life » ou « geek », l’expression japonaise « otaku » désigne des personnes fans de pop culture et qui passent le plus clair de leur temps chez elles. Dans cette série découpée en saynètes de la vie quotidienne d’un jeune couple, la dessinatrice Fujita parle avec tendresse de ces passionnés qui souffrent encore parfois d’une mauvaise réputation dans les mangas. Avec en toile de fond, une description des trentenaires oscillant entre vie de bureau banale et vie privée rythmée par les sorties dans les bars et les conventions de pop culture.
Otaku otaku, de Fujita, éditions Kana, 5,95 euros chaque tome.
« L’Atelier des sorciers »
« L’Atelier des sorciers » est un parcours initiatique. / PIKA
Inspirée par J. R. R. Tolkien, J. K. Rowling et la fantasy européenne, la mangaka Kamome Shirihama invente un monde où la magie n’est pas innée mais détenue par une caste qui l’exerce en dessinant des figures complexes avec de l’encre magique. Ainsi, Coco, une petite fille ordinaire qui n’est pas destinée à devenir sorcière, va parvenir à intégrer ce monde qui la fascine tant. Pour servir ce parcours initiatique, un dessin minutieux et lumineux.
L’Atelier des sorciers, de Kamome Shirahama, éditions Pika, 7,50 euros chaque tome.