Coupe du monde 2018 : face à la France, tout un pays prêt à « souffrir jusqu’au coup de sifflet final »
Coupe du monde 2018 : face à la France, tout un pays prêt à « souffrir jusqu’au coup de sifflet final »
Par Corentin Pennarguear (Courrier international)
Avant le quart de finale France-Uruguay, la presse uruguayenne jauge les chances de son équipe face aux Bleus. La Celeste promet un dur combat. Revue de presse de « Courrier international ».
Demi-finaliste de la Coupe du monde en 2010 et éliminé en huitièmes de finale en 2014, l’Uruguay va pourtant disputer vendredi « le match le plus important de ces dernières années » face à l’équipe de France, assure La República. Pour le quotidien de Montevideo, après la victoire face au Portugal, « la joie de s’être qualifié s’est tout de suite mêlée à l’anxiété au moment de réaliser ce qui arrive face à nous ».
Coincé entre les deux géants que sont l’Argentine et le Brésil, l’Uruguay possède un palmarès extraordinaire pour un pays de trois millions d’habitants. La República voit dans ce quart de finale du Mondial « un choc entre champions du monde », même si le dernier titre uruguayen remonte à 1950. Le journal rappelle que les deux équipes « arrivent invaincues » dans ce tournoi : « L’Uruguay a remporté tous ses matchs et n’a encaissé qu’un but [contre le Portugal], et les Bleus ont laissé l’Argentine dans le fossé après un match spectaculaire. »
Des joueurs « formés au sacrifice pur »
Depuis la qualification de la Celeste pour les quarts de finale, la presse de Montevideo ne parle que de l’équipe de France, « ce volcan en activité permanente », comme la résume El Observador. « L’Uruguay est une équipe prête à souffrir », ajoute le quotidien, qui décrit ce sentiment si particulier pour le pays :
« S’il y a une chose que les habitants de cette terre n’ont pas besoin d’apprendre, c’est le sentiment d’agonie. Ils vivent avec. Pour payer l’électricité, pour arriver à la fin du mois, pour se battre au jour le jour. C’est ce que nous sommes. Et ce pouvoir se traduit de manière inexplicable dans notre football. Les Uruguayens aiment gagner dans la souffrance. Dans l’agonie d’un match. Les joueurs sont formés au sacrifice pur. »
Alors, face aux Bleus, l’Uruguay « va jouer comme il l’a toujours fait, avec courage et héroïsme », prévient El Observador. « Et de ce côté du monde, celui de ce pays de trois millions d’habitants, nous serons assis devant la télévision avec une consigne limpide : souffrir jusqu’au coup de sifflet final. »
Les Bleus, tant de talents
Dans cette optique, l’Uruguay s’attend à avoir mal pour deux raisons principales : la qualité de l’effectif français et l’absence de son meilleur joueur, Edinson Cavani.
« Si, face au Portugal, le nom de Cristiano Ronaldo venait immédiatement à l’esprit quand on pensait aux menaces adverses, contre la France, cet exercice est impossible tant son talent est multiple et bien réparti », souligne La República. Le journal estime que « les noms de Pogba, Griezmann ou Mbappé suffiraient à eux seuls à faire craquer les nerfs d’acier de n’importe quel entraîneur ». Mais selon le quotidien uruguayen, il faudra avant tout « stopper le moteur de l’équipe de France, celui qui a le plus d’influence sur elle » : le milieu défensif N’Golo Kanté.
Sans Cavani, même pas peur
Pour cela, la Celeste ne pourra pas compter sur son attaquant Edinson Cavani, blessé au mollet pendant le match contre le Portugal. Pour le journal La Ovacion, « c’est la pire des nouvelles possibles », mais le verdict est implacable : le joueur du Paris-Saint-Germain ne sera pas remis à temps et « le staff uruguayen espère uniquement pouvoir l’inscrire en tant que remplaçant ».
De plus, ajoute El Telegrafo, « comme le sélectionneur n’aligne jamais des joueurs qui ne sont pas à 100 % de leurs moyens, il est impossible que Cavani soit présent face aux Gaulois. » Le journal ne s’avoue pas battu pour autant et affirme que « l’équipe d’Uruguay maîtrise une recette qu’elle a apprise depuis douze ans : elle sait que ne pas prendre de but lui donne davantage de possibilités et qu’elle doit concrétiser toutes ses occasions devant. Elle peut aussi compter sur l’expérience de ses joueurs les plus importants, qui savent qu’une Coupe du monde peut se résumer à tuer ou mourir. »
La Diaria va même jusqu’à écrire que cette absence du buteur fait « souffler un vent de liberté et couler la combativité dans le sang » de la Celeste. « Si Edi ne parvient pas à se remettre pour le match, son remplaçant naturel sera le talentueux Cristhian Stuani, l’un des meilleurs buteurs de la Liga espagnole, qui lui aussi apportera son pressing intense, avance le quotidien uruguayen. Exactement comme le fait Cavani. »