LE TSAR DU JOUR

Tondeuse à gazon brésilienne (modèle jaune et bleu). / David Gray / REUTERS

Tondeuse à gazon brésilienne (modèle noir). / Ekaterina Lyzlova / AP

Les prouesses roulantes de Neymar ne cessent décidément pas d’étonner. Selon un calcul de nos confrères suisses de la RTS, qui n’ont guère plus que ça à chronométrer depuis l’élimination de la Nati face à la Suède, les chutes à répétition de la star auriverde ont coûté, en tout, 13 minutes et 50 secondes de temps de jeu depuis le début de la compétition.

Contre le Mexique, celui qui a déjà été la cible de 23 fautes en quatre matchs a battu son record, puisque la partie a été suspendue deux minutes entières pour un même arrêt de jeu, après que Layun a marché sur sa cheville. Deux bonnes minutes que l’histrion auriverde a passées à imiter un volet électrique en train de s’enrouler sur lui-même.

Depuis, l’attaquant du Paris-Saint-Germain est l’objet d’innombrables moqueries et réprimandes, certains – à commencer par le sélectionneur mexicain – lui reprochant de donner le mauvais exemple aux enfants. Preuves à l’appui.

Face aux railleries, l’ancien Ballon d’or brésilien Ronaldo est monté au créneau : « Je suis contre toutes ces opinions [sur le jeu de Neymar], c’est un joueur intelligent dans ses mouvements et sur la façon de se défendre contre les attaques, je ne pense pas que les arbitres l’aient suffisamment protégé. » Un avis partagé par son compatriote Luiz Gustavo :

« Je pense que, quand il est sur le terrain, il veut s’amuser, il fait ce qu’il sait faire. Ça, les gens ne le comprennent pas et ensuite ils parlent beaucoup de lui, mais il est tranquille (...). »

Et de fait, le numéro 10 brésilien a plutôt l’air de s’en amuser. Il s’est autoparodié en feignant une blessure durant un entraînement avec ses coéquipiers, sous le regard hilare de ces derniers.

Face à la Belgique, vendredi 20 heures, l’esthète des pelouses aura en tout cas beaucoup à prouver, et pas seulement en termes de résistance à la gravité. Dans un Mondial dont déjà été sortis Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, il est le dernier grand favori au Ballon d’or encore en lice.

LA MÈRE PARTIE

Il y aura des bleus partout, ce vendredi à 16 heures. Nos Bleus à nous, bien sûr, qu’un coq fier porte sur ses ailes déployées (ça sait faire ça, un coq ?) ; le bleu ciel du maillot de la redoutable Celeste ; et même le bleu échymosé du mollet de Cavani, dont on ne sait toujours pas s’il sera suffisamment remis pour entrer en jeu et contribuer à nous mettre une frousse bleue.

Et il y aura des dents, plein de dents. 704, selon notre calcul. Toutes celles que les Bleus se briseront contre la forteresse uruguayenne, plus les dents uruguayennes qui tiennent leur couteau ; celles que serrera le blessé Cavani ; sans oublier les canines de Suarez, qu’il faut toujours, toujours avoir à l’œil.

Et puis il y a des cheveux, ceux que l’on s’arrachera de stress, ceux qui nous en tomberont de désespoir, ceux avec lesquels on s’essuira peut-être les larmes (si on n’a plus de mouchoir, par exemple), ou on se tressera des lauriers (si on est très forts en scoubidou). Bref, il y aura de tout, du sang, de la sueur et des pleurs, les corps seront éprouvés, meurtris, éreintés, et on se souviendra de ce moment. Que s’appelorio : le quart de finale contre l’Uruguay du 6 juillet 2018.

DU CÔTÉ DE CHEZ VLAD

L’arbitre de France-Uruguay est argentin, cela peut-il être un problème ? Nos confrères de 20 Minutes ont consacré une enquête édifiante à cette question brûlante, à lire sur leur site.

L’arbitre Nestor Pitana, ordonnant au ballon de rebondir plus haut. / DARREN STAPLES / REUTERS

L’ŒIL DE MOSCOU

Cela fait désormais quarante-huit heures et la réalité est toujours aussi étonnante : l’Angleterre, qui défiera la Suède samedi 16 heures, a remporté une séance de tirs au but durant une Coupe du monde. C’était mardi, contre la Colombie, et son gardien Jordan Pickford y a même fait un arrêt.

Il faut donc savourer ce ralenti prouvant que non seulement Pickford est un-gardien-anglais-qui-fait-des-arrêts, un type de Pokémon très rare, mais qu’il a aussi réalisé ce qui est peut-être la plus belle parade de la compétition.

KOMINTERN

La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.

Comment mesurer la ferveur footballistique d’une nation ? Facile, s’est dit [institution financière internationale] : en comparant les sacrifices financiers qu’ils seraient prêts à faire ! A ce jeu-là, on apprend que « 41 % [des Argentins] répondent être prêts à sacrifier 1 % de leur salaire annuel, et 7,8 jours de congés en moyenne pour que l’Albiceleste gagne la compétition ». Les Français, eux, ne sont que 14 %. C’est déjà le double de l’Allemagne (7 %). Moralité : les institutions financières internationales ont une drôle de manière d’envisager le football.

POUCHKINE BALL

La Gazette est toujours poète. Aujourd’hui, des mots d’Alexandre Pouchkine, qui a écrit une petite bafouille à propos des cages des Uruguayens, qu’il surnomme l’« Antchar » , et qu’il visualise comme très, très dures à approcher :

Au milieu d’un désert avare et maigre, sur un sol calciné par l’ardente chaleur, Antchar, comme une sentinelle terrible, se dresse, unique dans tout l’univers. La nature, mère de ces steppes éternellement altérées, le procréant, en un jour de colère, l’a imprégné d’un venin fatal dans la verdure morte de ses branches et jusqu’à ses racines. Fondu par l’ardeur du midi, le venin suinte à travers l’écorce, et, le soir, y reste figé en hideuses larmes à demi transparentes. Aucun oiseau ne vole alentour ; aucun animal ne s’en approche ; seul le noir tourbillon l’aborde et s’en va pestiféré.

Alexandre Pouchkine – L’Antchar

Russia Today

Les matchs du jour (à suivre en direct sur Le Monde.fr) :

Uruguay - France à 16 heures

Brésil - Belgique à 20 heures

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