THIBAULT CAMUS / AFP

Emmanuel Macron a retrouvé les ors de Versailles. Un an après son discours devant les parlementaires, le président de la République a retrouvé le Congrès, lundi 9 juillet, pour un discours ayant pour objet de rappeler le cap de son mandat.

Peu après 15 heures, M. Macron a commencé par revenir sur les élections de 2017, affirmant ne pas avoir oublié « les peurs, les colères accumulées pendant des années, qui ont conduit notre pays à ce choix ». Ces peurs n’ont « n’ont pas disparu en une année », a-t-il dit avant de saluer les « chantiers d’une ampleur jamais vue » engagés par les députés et les sénateurs depuis son arrivée au pouvoir il y a un an.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Les principales annonces du président :

  • Répondre aux Parlementaires

Emmanuel Macron a annoncé vouloir déposer un amendement à la réforme constitutionnelle pour lui permettre, dès l’année prochaine, de rester au Congrès pendant les débats parlementaires suivant son allocution. La révision constitutionnelle sera examinée à partir de mardi en première lecture dans l’hémicycle de l’Assemblée.

Le format actuel du Congrès, qui veut que le président quitte les parlementaires après son allocution, a été acté lors d’une réforme soutenue par Nicolas Sarkozy, en 2008.

M. Macron entend ainsi répondre « aux pires reproches » faits « à cette procédure » alors que certains parlementaires ont choisi de boycotter le rendez-vous, dénonçant une rencontre « surfaite » ou encore un exercice « autocratique, monarchique ».

  • Construire l’Etat providence du XXIe siècle

Le rendez-vous avec les principales organisations patronales et syndicales, prévu le 17 juillet, doit permettre de « jeter les bases d’un nouveau contrat social, celui du siècle qui s’ouvre », a déclaré Emmanuel Macron.

« C’est à son élaboration comme au détail de sa mise en œuvre que je veux les inviter dès le 17 juillet prochain », a-t-il ajouté, précisant vouloir aborder « la réforme de l’assurance chômage ou la santé au travail » dans « un esprit constructif ».

  • Tenir les engagements de baisse des dépenses publiques

« La France, avec nombre de ses partenaires, soutiendra la proposition de la commission européenne d‘apporter une taxe sur le chiffre d’affaires des entreprises qui ne paient pas, aujourd’hui, d’impôts dans nôtre pays », a expliqué le président de la République, applaudi par certains parlementaires.

Le premier ministre Edouard Philippe « présentera dans les prochaines semaines les nouvelles décisions permettant de tenir les engagements de baisse de nos dépenses publiques », a poursuivi Emmanuel Macron, promettant « des choix forts et courageux ».

« Il ne saurait y avoir de baisse de la fiscalité ou de développement de l’investissement sans un ralentissement de la hausse continue de nos dépenses », a affirmé le chef de l’Etat, ajoutant que « tout le monde souhaite la baisse des impôts (…) mais nul ne veut jamais les assumer lorsqu’elles sont décidées ».
  • Refondre le régime des retraites

A quelques mois de la réforme des retraites voulue par le président, « faire croire que nous voudrions supprimer les pensions de réversion est une rumeur malsaine, visant à faire peur », a tenu à dénoncer le chef de l’État.

« Dès 2019 nous refondrons notre régime de retraite pour protéger mieux ceux dont les carrières sont hachées, instables, atypiques », ce qui concerne « bien souvent les carrières des femmes », a-t-il déclaré devant le Congrès. « Rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui », a-t-il affirmé, déclenchant des exclamations dans les rangs des parlementaires.

  • Mise en œuvre du plan pauvreté en 2019

Reporté à la rentrée par le gouvernement, le plan pauvreté, sera présenté « en septembre » et mis en œuvre « en 2019 », a confirmé Emmanuel Macron, en promettant « un accompagnement réel vers l’activité » pour les personnes « les plus fragiles ».

« Elle ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d’investissement et d’accompagnement social. Non pas de nouvelles aides, en solde de tout compte, mais un accompagnement réel vers l’activité », a-t-il ajouté.

La présentation du plan pauvreté, issu d’une concertation lancée en grande pompe fin 2017, devait initialement être faite le 10 juillet. Il a été reporté la semaine dernière à la rentrée, suscitant la déception et les critiques des associations.

  • Donner un « cadre » à l’islam dès l’automne

« La République n’a aucune raison d’être en difficulté avec l’islam », a affirmé Emmanuel Macron, soulignant que « dès l’automne, un cadre et des règles » seront donnés à ce culte, « garantissant qu’il s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République ».

« L’ordre public, la civilité ordinaire, l’indépendance des esprits et des individus à l’égard de la religion ne sont pas de vaines paroles en France et cela impose un cadre rénové, une concorde retrouvée », a-t-il poursuivi sous les applaudissements nourris des parlementaires.

M. Macron avait confié en février son intention de « poser les jalons de toute l’organisation » de la deuxième religion de France. Fin juin le gouvernement a annoncé le lancement « d’assises territoriales » destinées à réformer l’organisation de ce culte ainsi que son financement. Cette « grande concertation » devra être organisée par chaque préfet « d’ici au 15 septembre » en vue d’améliorer la représentation institutionnelle du culte musulman, le financement des mosquées et la formation des imams et aumôniers.

  • Appel à la « solidarité » européenne pour répondre à la crise migratoire

Alors que l’Europe a été secouée par une intense crise diplomatique sur la question migratoire ces dernières semaines, M. Macron a affirmé que « ce sujet ne peut être réglé ni dans l’émotion qui crée la confusion, ni dans la fermeture et le repli nationaliste ».

« Toute politique nationaliste de court terme ne règlera en rien la situation migratoire », a insisté le président, qui a été au centre d’une violente passe d’armes avec l’exécutif italien avant l’accord sur la gestion des flux migratoires arraché par les 28 Etats membres de l’Union européenne fin juin à Bruxelles.

« L’essentiel de nos réponses passe par un renforcement de nos frontières communes en Europe et par une politique de responsabilité et de solidarité au sein de l’Europe », a ajouté le chef de l’Etat.

Et de souligner :

« Jamais la France n’acceptera les solutions de facilité que d’aucuns aujourd’hui proposent qui consisteraient à organiser des déportations, à travers l’Europe, pour aller mettre dans je ne sais quel camp, à ses frontières ou en son sein ou ailleurs, les étrangers » non admis en France.

M. Macron a ainsi affirmé que la « véritable frontière en Europe » était celle séparant « progressistes » et « nationalistes » et que leur affrontement serait au cœur des élections européennes de 2019. « Ce sera difficile mais le combat est clairement posé », a-t-il déclaré.

  • Macron se défend d’avoir une politique pour « les riches »

Assurant vouloir défendre par sa politique « les entreprises » et « non pas les riches », le chef de l’Etat a assuré qu’il n’aimait « ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges ».

« Une politique pour les entreprises, ce n’est pas une politique pour les riches. C’est une politique pour toute la nation, une politique pour l’emploi, une politique pour les services publics », a-t-il déclaré, tandis qu’il est accusé par ses opposants d’être « le président des riches ». « Il est mensonger de vouloir défendre les salariés si l’on ne défend pas les entreprises », a ajouté M. Macron, justifiant les réformes fiscales mises en place depuis un an par la nécessité de renforcer la compétitivité de la France.