Sanofi n’en a peut-être pas fini avec le scandale de la Dépakine, ce médicament anti-épileptique accusé d’avoir provoqué des malformations et des retards de développements chez des milliers d’enfants. L’usine qui produit la Dépakine, à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), rejette dans l’atmosphère des quantités de substances dangereuses très supérieures aux limites autorisées.

Le bromopropane est classé cancérogène, mutagène et reprotoxique possible par l’OMS

Sanofi Chimie, filiale du groupe Sanofi Aventis, fait partie de la vingtaine d’installations classées Seveso du complexe industriel de Lacq. Un rapport d’inspection d’avril auquel Le Monde a eu accès révèle notamment que le bromopropane, qui entre dans la composition du valproate de sodium, le principe actif de la Dépakine, a été mesuré jusqu’à 190 000 fois la norme avec un rejet en mars à plus de 380 000 mg/m3 alors que la valeur limite d’émission est de 2mg/m3. En octobre 2017, déjà, des rejets à hauteur de 180 000 mg/m3 avaient été mesurés. Selon les déclarations de l’industriel, plusieurs dizaines de tonnes de ce solvant sont émises chaque année sur le site de Lacq.

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Des rejets d’autant plus dangereux que le bromopropane est classé cancérogène, mutagène et reprotoxique possible par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso) le déplore ainsi :

« Femmes enceintes, salariés et riverains sont massivement et continuellement exposés à cette substance en plus de celles qui sont émises par la plate-forme industrielle, déjà tristement connue pour son air irrespirable et les nombreux problèmes de santé des populations alentours. Il n’est pas acceptable que Sanofi continue à polluer massivement l’air que nous respirons. C’est la santé des salariés, des habitants et des générations futures qui est en jeu. »

« Fermeture temporaire de l’usine »

Avec l’association France Nature Environnement, la Sepanso réclame la « fermeture temporaire de l’usine, le temps que des solutions efficaces soient trouvées » et envisage de déposer une plainte.

La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Nouvelle-Aquitaine a mis en demeure Sanofi de prendre les « mesures d’urgence » pour respecter les normes dans un délai de trois mois.

Le groupe reconnaît « un problème de dépassement localisé des seuils de rejet de vapeur de solvants ». Il assure toutefois dans un communiqué que « les populations ne sont pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation » et qu’« un plan d’actions a immédiatement été engagé par le site qui a mis en place une unité de collecte et de traitement des rejets afin de les réduire significativement ». Cette unité serait « en cours de démarrage ».