Parcoursup : démenti après que la major du bac en Polynésie se déclare refusée en prépa
Parcoursup : démenti après que la major du bac en Polynésie se déclare refusée en prépa
Par Soazig Le Nevé
Le cas d’une candidate ayant obtenu 20,3 au bac et se plaignant que l’outre-mer soit « laissé de côté » par les grandes prépas a été largement relayé. Ce que le ministère nie.
Ranitea Gobrait – ici le 6 juillet 2018 – a obtenu une moyenne de 20,32 au baccalauréat. / MIKE LEYRAL / AFP
Discrimination envers les candidats d’outre-mer ? Le cas d’une jeune bachelière polynésienne a défrayé la chronique de Parcoursup tout le week-end, laissant à penser que les prépas parisiennes fermeraient leurs portes à certains candidats. Une critique déjà formulée par des élèves et des professeurs de banlieue qui s’estiment victimes d’une « double peine ».
Très brillante, Ranitea Gobrait a terminé major du baccalauréat en Polynésie, avec 20,3 de moyenne au bac scientifique (bac S). Mais le conte de fées aurait calé aux portes de la nouvelle plate-forme d’orientation vers l’enseignement supérieur : selon une dépêche de l’Agence France-Presse, samedi 7 juillet, la jeune fille affirmait avoir été refusée dans tous les établissements parisiens où elle avait postulé. Son seul espoir : être prise en classe prépa scientifique au lycée toulousain Pierre-de-Fermat, où elle demeure sur liste d’attente.
« Je trouve ça aberrant. Je ne suis pas la seule dans ce cas : il y a beaucoup de bons élèves qui subissent le fait d’être à Tahiti. Les grandes prépas nous ont laissés de côté, nous, les îles d’outre-mer (…). Je trouve que c’est dommage de nous fermer les portes comme ça, on devrait nous laisser notre chance. »
Twitter s’est aussitôt enflammé face au prétendu scandale fondé sur une discrimination à l’encontre des candidats d’outre-mer, des politiques s’emparant également de l’affaire, dont Jean-Luc Mélenchon :
Plusieurs propositions lui auraient été faites
Le ministère de l’enseignement supérieur a réagi, dans la nuit, en postant sur le réseau social un communiqué : il y explique, après examen du dossier de Ranitea Gobrait, que « celle-ci a reçu et refusé plusieurs propositions d’admission, notamment dans les classes préparatoires aux grandes écoles qu’elle avait appelées de ses vœux, à Paris ».
Sur place, à Papeete, le directeur de la Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE), Thierry Delmas, a, lui aussi, coupé court aux rumeurs, dimanche : « Il faut préciser que depuis le 27 mai dernier, une proposition d’intégrer une CPGE parisienne renommée en MPSI [mathématiques, physique, sciences de l’ingénieur] lui a été faite, que trois acceptations de CPGE en filière ECS [économique et commerciale, option scientifique] (dont deux à Paris et une en province) lui ont été notifiées par la plate-forme Parcoursup et que son dossier a reçu un avis favorable pour une inscription en Paces au sein de l’UPF [université de la Polynésie française]. Le 1er juillet, une nouvelle proposition d’un lycée parisien en filière ECS lui a été signalée. »
Et de poursuivre, pour clore le « scandale » : « Elle avait pleinement le droit de refuser les propositions qui lui sont faites, y compris lorsqu’il s’agissait de classes préparatoires parisiennes fort réputées, en MPSI (sa filière de prédilection) comme en ECS. »
La jeune fille doit être reçue « pour faire le point sur sa situation » à la DGEE de Papeete, dans la journée de lundi. Interrogée par le média polynésien TNTV, le 5 juillet, à l’issue de la publication des résultats du bac, Ranitea Gobrait avait confié qu’elle ne savait pas encore quel métier faire. « Mais j’aime les maths : j’aime le fait de ne jamais abandonner quand on a des blocages. »