Confronté à une concurrence accrue, Xiaomi a réalisé une introduction en Bourse mitigée. / WANG ZHAO / AFP

Xiaomi redescend sur terre : le géant chinois des smartphones a connu une entrée en Bourse décevante lundi 9 juillet à Hongkong. Le titre du fabricant de téléphone mobile a d’abord chuté jusqu’à 6 %, avant de retrouver le prix proposé par l’entreprise, puis de reprendre des couleurs mardi. C’est la pire introduction en Bourse à Hongkong depuis 2015.

Le groupe, qui a levé 4,7 milliards de dollars (4 milliards d’euros) grâce à cette opération, est valorisé un peu plus de 58 milliards de dollars. Soit presque deux fois moins que les 100 milliards espérés en 2017. La baisse de 21 % du marché du smartphone en Chine au premier trimestre, ou les tensions commerciales avec les Etats-Unis, qui pèsent sur les indices boursiers chinois, expliquent, en partie, cette relative contre-performance. Mais les investisseurs doutent aussi de la capacité de l’entreprise de s’imposer à long terme et de faire des bénéfices.

Secteur très concurrentiel

Car Xiaomi, qui signifie « petit riz » en chinois, promise aux sommets il y a quatre ans, a connu un trou d’air en 2015-2016, voyant ses parts de marché chuter, dans un secteur très concurrentiel.

Depuis, le 4e vendeur de téléphones dans le monde a revu son modèle. Adepte des événements créés sur Internet par les ventes en ligne et à la communication à moindre coût grâce au bouche-à-oreille, le groupe a changé de braquet : il ouvre désormais des boutiques, où toutes les générations peuvent prendre en main ses produits, et opte pour des campagnes de publicités classiques où des stars chinoises s’affichent, smartphone à la main.

Grâce à ce virage stratégique et à la résolution de problèmes structurels, notamment dans l’approvisionnement de composants, Xiaomi a repris la quatrième place des vendeurs de smartphones en Chine au premier trimestre 2018, devant Apple.

Premier vendeur de smartphones en Inde

Face au ralentissement de son marché domestique, la firme continue de se développer à l’international. La firme chinoise est devenue le premier vendeur de smartphones en Inde, grâce à un positionnement milieu de gamme et a ouvert son premier magasin en France à Paris le 22 mai. Mais la marque réalise très peu de profits sur ses appareils : 2 dollars par téléphone, contre 150 dollars pour Apple, d’après une estimation de Counterpoint Research. Et le patron de l’entreprise ne prévoit pas de générer plus de 5 % de marge dans le futur. Car pour gagner de l’argent la direction parie surtout sur la vente ligne de divers produits, de services, logiciels, applications… Un pari.

Autre ombre au tableau pour Xiaomi, l’échec d’une introduction parallèle à la Bourse de Shanghaï, qui lui aurait permis de lever des fonds supplémentaires. Grâce à un nouveau système de certificats de dépôt (China depositary receipt) calqués sur les certificats de dépôt américain (American Depositary Receipts, ADR), les entreprises chinoises de la technologie cotées à l’étranger peuvent envisager une cotation secondaire en Chine. Mais le système, mis au point au printemps pour permettre aux investisseurs chinois de parier sur leurs champions de la technologie nationaux comme Alibaba ou Tencent, n’a pas encore trouvé son premier client.

D’après Bloomberg, le régulateur boursier chinois, d’abord enthousiaste à l’idée d’une entrée en Bourse simultanée à Hongkong et Shanghaï pour Xiaomi, n’a pas voulu changer ses règles trop profondément pour accommoder l’entreprise. La vente des titres en Chine pourrait avoir lieu plus tard dans l’année, une fois l’introduction à Hongkong digérée.