« Les Bleus jouent un football qui inspire davantage le respect que l’amour », juge la presse étrangère
« Les Bleus jouent un football qui inspire davantage le respect que l’amour », juge la presse étrangère
Par Corentin Pennarguear (Courrier international)
Qu’elle affronte la Croatie ou l’Angleterre en finale, la France sera favorite, s’accorde à dire la presse étrangère. Revue de presse de « Courrier international ».
Le sélectionneur de l’équipe de France Didier Deschamps encerclé par les médias après la victoire contre la Belgique, le 10 juillet. / ADRIAN DENNIS / AFP
Pendant le match, les supporteurs des deux camps ont régulièrement oublié de chanter et d’encourager leur sélection. « Parfois, on avait l’impression de se trouver au beau milieu d’un tournoi d’échecs », relate la Süddeutsche Zeitung. Mais ce n’était pas par manque de spectacle ou d’émotions, pointe le quotidien allemand. Car entre la France et la Belgique, mardi 10 juillet, « il s’agissait plutôt d’un match de boxe étincelant ».
« Les yeux dans les yeux, les deux camps se sont fixés tout le long du match, prêts à asséner à l’autre le coup de poing décisif, raconte la Süddeutsche Zeitung. A chaque action, chaque ballon distribué, on approchait le K.-O., l’échec et mat. Haletant. »
« Ce duel était ce qu’a offert de mieux la Coupe du monde jusqu’à présent », enchaîne la Frankfurter Allgemeine Zeitung de l’autre côté du Rhin. Le journal de Francfort estime avoir assisté à « une demi-finale palpitante entre les deux équipes les plus complètes au monde ».
Une équipe « impossible à briser »
Dans ce match serré, tendu à l’extrême, c’est la France qui l’a emporté grâce à une tête rageuse du défenseur Samuel Umtiti et à un combat des Tricolores sur chaque ballon. « La France a été tellement forte, tellement impossible à briser… », reconnaît The Independent. Pour le quotidien britannique en ligne, « les Bleus ont réduit en miettes la confiance et la verve de cette équipe belge ».
Si Kylian Mbappé, le no 10 de la sélection française, « est encore celui qui a attiré tous les regards », explique la publication de Londres, « il a été soutenu par [des coéquipiers] déterminés à se battre pour gagner le ballon ».
Avec cette bataille physique et malgré le potentiel offensif des joueurs sur le terrain, « on a eu droit à un match tactique, fermé, cloisonné par une formation hexagonale pas forcément chatoyante mais très impressionnante d’organisation, de maîtrise et d’efficacité », admet Le Soir. D’après le journal belge, « cette équipe de France est plus que jamais à l’image de son entraîneur, Didier Deschamps. L’homme qui contrôle tout et qui s’adapte à toutes les oppositions a créé un collectif prêt à mettre le talent individuel au service de l’intérêt général et de la roublardise. » Et le quotidien de Bruxelles de plier genou : « Chapeau. »
« Chapeau » Deschamps
Analysant le parcours des Tricolores lors de Mondial russe, The Wall Street Journal évoque une équipe qui dégage « un sentiment nouveau de sérénité. » Si les Bleus gardent « des joueurs d’instinct comme Mbappé », les hommes de Deschamps sont avant tout destinés à la contre-attaque, juge le quotidien américain. Et par conséquence, « dès que la France a pris l’avantage, la panique s’est doucement répandue dans les rangs belges ».
Et au final, « c’est la France qui a imposé sa loi », titre le quotidien espagnol El País après le match. « Brillante, juste et efficace dès qu’elle le peut » : pour le journal de Madrid, cette sélection a la pâte de l’influence italienne de Didier Deschamps. « Le sélectionneur des Bleus n’a jamais accordé d’importance à l’esthétique, et si l’Italie ne s’est pas qualifiée pour ce Mondial, la France nous la rappelle match après match. »
Résultat, « les Bleus jouent le genre de football qui inspire davantage le respect que l’amour », considère The Irish Times, qui a vu des « Terminators » sur le terrain face aux Belges. Le journal irlandais focalise son analyse sur Mbappé, « la différence majeure par rapport à la France de 2016 », qui a perdu la finale de l’Euro face au Portugal : « Il peut détruire les défenseurs adverses comme aucun autre footballeur sur la planète à l’heure actuelle ; il peut les dribbler, tourner autour d’eux, les battre à la course sur cinq mètres ou cinquante mètres ; il peut réaliser une passe parfaite à son coéquipier sans que vous-même n’ayez vu qu’il était là. »
Des revanches à prendre
Avec cette équipe, dimanche, la France peut prendre deux revanches. D’abord, « celle qui résulte de cette finale frustrante de l’Euro 2016 contre le Portugal », se souvient The Independent. Ensuite, « refermer une blessure de douze ans qui n’a toujours pas cicatrisé, quand elle tenait la finale de la Coupe du monde face à l’Italie entre ses mains et que la tête de Zinédine Zidane s’est abattue sur le torse de Marco Materazzi », écrit La Nación, en Argentine.
« Les Bleus sont favoris pour soulever le trophée, que ce soit face à l’Angleterre ou face à la Croatie », assure The Guardian depuis Londres. Même sentiment à Madrid, où El Mundo pense que « les muscles de cette France ont l’odeur de champions du monde ».
« L’équipe de Deschamps a atteint une troisième finale de championnat du monde sans passer par les prolongations, avec une solidité de champion », apprécie également La Vanguardia, avant de lancer un rappel tranchant : « Il y a deux ans, avant la finale de l’Euro, cette même équipe avait crié victoire trop tôt. Elle sera son pire ennemi dimanche prochain. »