Rodrigo Londono, au tribunal de Bogota, vendredi 13 juillet. / LUISA GONZALEZ / REUTERS

« Nous demandons pardon. » Outre les excuses, le chef de l’ancienne guérilla colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Rodrigo Londono, alias « Timochenko », s’est engagé à faire « l’impossible » pour que les victimes connaissent la vérité, lors du procès vendredi 13 juillet pour les exactions commises par des responsables du mouvement. « Nous assumerons la responsabilité qui nous incombe », a ajouté Rodrigo Londono, à l’issue de cette première journée du procès à Bogota.

Conséquence de l’accord de paix conclu avec le gouvernement en 2016 à La Havane, les FARC se sont converties l’an dernier en parti politique, gardant le même acronyme. Les ex-guérilleros, qui se sont également engagés à rendre compte de leurs crimes et à dédommager leurs victimes, sont poursuivis pour 6 162 cas d’enlèvements, commis entre 1993 et 2012, parmi lesquels celui de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, séquestrée durant six ans jusqu’à sa libération par l’armée le 2 juillet 2008.

Des peines plus courtes

La justice a convoqué trente-et-un anciens chefs guérilleros, sous l’inculpation de « détention illégale de personnes ». Seuls Timochenko, Pablo Catatumbo et Carlos Lozada – deux autres ex-dirigeants des FARC – se sont présentés au procès, les autres accusés ayant envoyé leurs avocats. Ils vivent tous en liberté, sauf Jesús Santrich – un autre ex-dirigeant détenu par les États-Unis pour trafic de drogue – qui s’est exprimé par vidéoconférence depuis sa prison.

S’ils respectent l’accord signé avec le gouvernement colombien et abandonnent toute violence, les anciens membres de la guérilla, devenue parti politique, purgeront des peines plus courtes, allant de cinq à huit ans d’incarcération dans un lieu alternatif à la prison.

« Je suis ici à votre disposition, profondément ému de voir la manière dont se concrétise le rêve que nous avons bâti à La Havane », où l’accord qui a mis fin à plus de 50 ans de conflit a été conclu, a déclaré Timochenko.

Près de sept mille guérilleros ont depuis déposé les armes et le parti nouvellement créé, la Force alternative révolutionnaire commune, aura dix députés au Parlement à partir du 20 juillet. L’accord de paix divise toutefois encore profondément la Colombie, certaines victimes exigeant d’abord la vérité concernant les enlèvements de leurs proches et le sort qui leur a été réservé, avant toute clémence de la justice.