Chaque jour durant la Coupe du monde, Eddy Fleck et Maxime Mianat analysent la compétition à leur façon. Attention : cette chronique peut contenir du second degré.

D’abord la chaussette gauche… Toujours. Puis la droite. Chaque matin, les mêmes gestes. Comme Zidane en 1998, je porte deux chaussettes. Les similitudes ne s’arrêtent pas là : j’ai un début de calvitie, personne ne m’a vu depuis le début du Mondial mais je compte bien me faire remarquer lors de la finale, en sortant pour la première fois de mon appartement. J’avais un an en 1998. Mes parents m’avaient couché après le match, et je dormais pendant que mes potes de la crèche se saoulaient sur les Champs-Elysées en lançant leurs couches sales sur les policiers. Cette fois, je veux en être. Partager mon bonheur avec les SDF. Ce France-Croatie a un parfum de France-Croatie. Voire de France-Brésil. L’histoire est écrite : nous gagnerons 3-0 avec un doublé de la tête de Griezmann sur corner.

Contre l’Argentine, notre latéral droit a imité Thuram. Deschamps fut critiqué comme Jacquet. Notre attaquant titulaire n’a toujours pas marqué. La finale se jouera un dimanche, veille d’un lundi, dans un stade de football. Les Bleus joueront encore en bleu. Il y aura onze Français sur le terrain, dont un gardien. En 1998 et en 2018, Israël a gagné l’Eurovision, le Real Madrid la Ligue des champions, et le PSG n’a pas atteint les quarts de finale de la compétition. Les signes sont là.

Ce matin, j’ai acheté un croissant à la boulangère. Elle était déjà née en 1998. Il faisait 27 degrés à Narbonne le jour de France-Brésil ; Météo France annonce 29 ce dimanche mais Dieu sait qu’il se trompe souvent. Mon oncle a fait un AVC en 1998 et, par bonheur, un second cet été. Le hasard n’existe pas en football, surtout quand j’investis 500 euros sur la France. Une série d’étirements sur I Will Survive. Un short. Un slip beige. Les mêmes vêtements depuis quinze jours. La superstition entre en jeu. Mes espoirs. Mes croyances. Cette odeur de… de victoire. Ils sont en finale, je suis en finale et nous gagnerons ensemble.

Maxime Mianat

Les épisodes précédents de « Roulette russe »

Episode 1 : comment concilier Coupe du monde et vie de famille

Episode 2 : pourquoi il ne faut pas critiquer l’équipe de France

Episode 3 : pourquoi on ne sait pas encore si Griezmann pourra jouer contre l’Australie

Episode 4 : pourquoi le drapeau du Brésil n’est pas ce que vous croyez

Episode 5 : pourquoi les Anglais n’ont en réalité pas inventé le football

Episode 6 : pourquoi Pologne-Sénégal est un authentique derby

Episode 7 : pourquoi la Coupe du monde est un cauchemar pour les autres sportifs

Episode 8: pourquoi France-Pérou n’aura pas lieu

Episode 9 : pourquoi il y a toujours un drapeau algérien dans un stade

Episode 10 : pourquoi l’Antarctique est le grand absent du tournoi

Episode 11 : pourquoi il n’est pas raisonnable d’aimer à la fois Lionel Messi et Cristiano Ronaldo

Episode 12 : pourquoi on peut suivre la Coupe du monde sans aimer le foot

Episode 13 : pourquoi le dopage n’existe pas dans le football

Episode 14 : pourquoi 0-0 est le score parfait

Episode 15 : pourquoi le match Panama-Tunisie sera l’événement du soir

Episode 16 : pourquoi j’ai renoncé à la nationalité française durant la Coupe du monde

Episode 17 : comment échapper à un mariage le jour de France-Argentine ?

Episode 18: pourquoi les statistiques sont indispensables au football

Episode 19 : pourquoi les joueurs brésiliens choisissent-ils leur nom de famille ?

Episode 20 : comment expliquer la Coupe du monde à son enfant

Episode 21 : comment briller en société en parlant football ?

Episode 22 : pourquoi il faut croire en Dieu avant France - Uruguay

Episode 23 : pourquoi cette équipe de France ne me fait pas rêver

Episode 24 : pourquoi les footballeurs sont des gens bien, finalement

Episode 25 : comment noter les joueurs ?

Episode 26 : pourquoi le football ne me manque absolument pas

Episode 27 : pourquoi j’irai suivre France-Belgique à Armentières

Episode 28 : la Coupe du monde est-elle surcotée ?

Episode 29 : qu’aurions-nous fait sans Benjamin Pavard ?

Episode 30 : pourquoi il faut détester la Croatie?

Episode 31 : pourquoi regarder le match pour la troisième place?