Sylvie Vassalo (à droite), directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse, présente le Parc d’attractions littéraires à la ministre de la culture, Françoise Nyssen (au centre), à La Courneuve, le 11 juillet 2018. / MARIE FRUMHOLTZ/« LE MONDE »

« Rien à faire, ce sont les livres papier qu’elle préfère ! », s’exclame la maman de Marie. Ce mercredi 11 juillet, elle arpente tout sourire avec ses deux filles le Parc d’attractions littéraires de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), en ce jour d’inauguration de la quatrième édition du festival Partir en livre, destiné à donner accès à la lecture à des enfants issus de territoires éloignés de la culture. Ici, pas de liseuse électronique ou autre technologie dernier cri, mais des tas et des tas de livres papier. Encore faut-il choisir… Sur le stand intitulé « Les îles de lecture », les enfants ne peuvent emporter qu’un seul ouvrage parmi ceux donnés par les maisons d’édition. Et c’est seulement après de longues minutes de concertation avec sa maman que Marie finit par trancher.

La ministre de la culture, Françoise Nyssen, est présente à cette inauguration. La veille, elle s’est vu retirer la régulation économique de l’édition littéraire et la tutelle du Centre national du livre (CNL), confiées désormais au premier ministre, par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. L’ancienne directrice des éditions Actes Sud devrait cependant continuer à mener les concertations avec les acteurs du livre sur la réforme de leur statut. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir les auteurs mobilisés sur le sujet comme Joann Sfar sur Twitter.

A La Courneuve, la ministre est également interpellée sur la question, au stand des jeux de rôles qu’elle traverse aux côtés du directeur du CNL, Vincent Monadé, et de Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Karim Friha, auteur et illustrateur de bandes dessinées, n’hésite pas à faire part de l’inquiétude de sa profession. « Si un auteur ne peut pas vivre de sa création, il ne crée plus » assène-t-il. Françoise Nyssen l’assure du maintien des réunions de discussion déjà fixées.

Malgré le succès de sa BD, La Flamme et l’Orage, Karim Friha ne pourrait se passer de ses activités dans le dessin animé pour vivre. « Il y a un équilibre à trouver dans la redistribution de la richesse créée entre auteur-libraire-éditeur. L’intérêt des trois est lié », affirme-t-il, après le départ de la ministre. « La viabilité du métier, c’est aussi la première question que me posent mes lecteurs âgés de 9 à 13 ans », ajoute-t-il.

« Une vraie concertation »

A Saint-Dié-des-Vosges, le 12 juillet, l’ambiance est tout aussi festive pour le Parc d’attractions littéraires dédié aux adolescents, le Livrodrome. A l’atelier radio, Yasmine, 11 ans, ne mène pas moins de sept interviews au fil de la journée. « Est-ce que vous vivez de votre métier ? » est la première question qu’elle pose aux écrivains qui passent à son micro. Beaucoup préfèrent répondre qu’ils exercent cette profession « par passion et non pour l’argent ». Mais, un peu en retrait des enfants et de son atelier de dessin, Marie Spénale, membre de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, confie : « La réforme du statut des auteurs n’est clairement pas prête. Nous ne savons rien de ce qui se trame et nos interlocuteurs au ministère et au CNL non plus visiblement. Leur désorganisation est assez inquiétante ».

Un atelier lecture au Livrodrome de Saint-Dié-des-Vosges, le 12 juillet 2018. / MARIE FRUMHOLTZ/« LE MONDE »

Vincent Monadé, président du CNL, accuse le coup. « Le Centre national du livre reste évidemment aux côtés des auteurs et des éditeurs pour que la particularité de leur statut professionnel soit reconnu, insiste-t-il. Mais cela fait cinq ans que les auteurs réclament une vraie concertation et des réunions et ils les ont enfin obtenues. Ils ont enfin une ministre de la culture qui est issue du monde de l’édition, qui les comprend et qui est clairement de leur côté ».

Le Parc d’attractions littéraires, jusqu’au 17 juillet. Parc départemental Georges Valbon, 67, avenue Waldeck Rochet, La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Le Livrodrome, festival littéraire itinérant, le 16 juillet à Gruissan, le 18 juillet à Bordeaux et le 20 juillet à Rouen.

Partir en livre, jusqu’au 22 juillet partout en France, programme complet sur www.partir-en-livre.fr