« Ant-Man et la Guêpe » : un super-héros miniature et champion de la décroissance
« Ant-Man et la Guêpe » : un super-héros miniature et champion de la décroissance
Par Jacques Mandelbaum
Pour son retour à l’écran, l’homme-fourmi mise sur la sobriété et l’humour.
Nouvel arrivant dans la transposition à l’écran de l’univers super-héroïque Marvel, l’homme-fourmi nous a été révélé en 2015, sous les traits de l’acteur Paul Rudd, dans un film déjà signé Peyton Reed. Scott Lang (Rudd), sympathique cambrioleur, y endossait la combinaison atomique inventée par le professeur Hank Pym (Michael Douglas), permettant à son possesseur de varier sa taille à loisir et de commander le peuple des fourmis. On retrouvait le personnage, en 2016, dans Captain America : Civil War, avant qu’il ne revienne aujourd’hui dans Ant-Man et la Guêpe, assigné à résidence et s’occupant, en bon papa gâteau, de sa fille, Cassie.
Mais Hank Pym ne tarde pas à le recontacter pour une nouvelle mission : retrouver sa femme, Janet Van Dyne (l’ex-catwoman Michelle Pfeiffer), prisonnière depuis des années de l’univers quantique. Pour ce faire, Ant-Man vole, en compagnie de la propre fille d’Hank et de Janet, la belle Hope Van Dyne (Evangeline Lilly), alias « La Guêpe », dont les charmes piquants ne le laissent pas insensible. Pour ceux qui suivent encore cet imbroglio proliférant qui se complexifie à chaque nouveau film Marvel, quelques nouveaux obstacles devront néanmoins être pris en compte. A titre principal, « Le Fantôme », une fille redoutablement désintégrée qui a un compte personnel à régler avec l’orgueilleux Hank Pym. A titre secondaire, une bande de malfrats bêtes et méchants, trafiquants de nouvelles technologies.
Réalisme et comédie
Cette constellation de personnages, d’univers et d’actions parallèles conduit à un climax bien orchestré, où leur montage télescopé fait habilement monter la mayonnaise. Nonobstant une belle course-poursuite sur terre et une belle divagation vernienne dans le monde quantique, ce n’est pas tant l’action qui fait la vertu de ce film que la volonté de la subordonner à des valeurs nettement plus douces. L’humour, par exemple, avec les descentes régulières, mais à chaque fois couronnées d’insuccès, du FBI au domicile de Scott (toujours de retour à temps), ou la prestation croustillante de Michel Peña dans le rôle de son associé mexicain froussard et logorrhéique.
Ant-Man pourrait d’ailleurs se définir comme la franchise de la décroissance dans l’univers marvélien. Moins de violence. Moins de superpouvoirs. Moins de monstruosité destructrice. Moins de grandiloquence cosmique. Moins de méchants hyperboliques. Par contre, plus de réalisme, plus d’attention aux acteurs, plus de comédie, plus de bricolage kitsch façon science-fiction des années 1980, plus de souci du foyer familial. C’est, si l’on veut, Disney qui prend sa revanche sur Marvel, en créant un segment super-héroïque destiné à la défense de la famille et de l’écologie.
Il n’est pas jusqu’au couple de héros miniaturisés qui ne soit à sa manière un champion de la décroissance, loin de la course au gigantisme qui domine le genre. N’oublions pas que Ant-Man, mal-aimé de son créateur, Jack Kirby, qui finit par s’en désintéresser, fut un super-héros sacrifié, qui connut une existence sporadique, entre mort et réincarnations successives. On voit bien, derrière tout cela, l’intelligence pratique, sensible à l’air du temps, qui gouverne l’éprouvante, mais semble-t-il inépuisable machine de production super-héroïque. Elle consiste à aller chercher partout où il est possible matière à élargir le spectre du public, et partant celui du succès.
Film américain de Peyton Reed. Avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Peña, Michelle Pfeiffer, Michael Douglas (1 h 58). Sur le Web : newsroom.disney.fr/ant-man.html et www.marvel.com/antman