Des élèves consultent les résultats du bac, au lycée Malherbe, à Caen, le 6 juillet. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Editorial du « Monde ». Il est encore trop tôt pour tirer un bilan définitif de la nouvelle plate-forme d’admission dans l’enseignement supérieur, Parcoursup. Ce n’est pas avant septembre que l’on pourra véritablement juger de l’efficacité du dispositif d’orientation des bacheliers par rapport au très décrié APB (Admission post bac). Néanmoins, on peut déjà tirer quelques enseignements sur les forces et les faiblesses d’un système d’affectation instauré au pas de charge.

Plus efficace, plus transparent, plus juste… Les promesses faites au lancement de la réforme étaient nombreuses. Avec APB, tout bachelier pouvait s’inscrire dans un très grand nombre de filières, quel que soit son parcours scolaire dans le secondaire. Ce système à l’efficacité contestée, accusé d’être responsable d’un taux d’échec massif, générait de nombreuses frustrations, tout en créant des goulets d’étranglement, qui, parfois, n’ont pu être surmontés que grâce à un tirage au sort. Même si cette pratique est restée marginale, elle a réussi à jeter le discrédit sur APB et à imposer l’urgence d’une refonte du système.

Désormais, avec Parcoursup, l’essentiel de la sélection a lieu avant l’entrée à l’université, et non plus après. L’idée est de limiter le gâchis en prévenant l’échec et de permettre in fine de relever le niveau global de l’université. Reste que la mise en pratique se révèle chaotique.

Au lendemain des résultats du bac, quelque 100 000 jeunes encore inscrits sur Parcoursup demeurent sans proposition de formation, soit un chiffre légèrement supérieur à celui de 2017. Certes, la procédure se poursuit durant tout l’été. Certes, les candidats encore dans l’attente sont accompagnés, pour ceux qui le souhaitent, par une commission pilotée par le recteur. Il n’empêche, l’incertitude de se retrouver sans aucune place se prolonge pour encore trop d’élèves.

Incompréhension

Le deuxième problème est celui de la transparence. Pour chacun, il reste très difficile d’évaluer ses chances de décrocher une place dans la formation rêvée. Nombre de lycéens ne connaissent pas précisément les critères qui ont pu les faire dégringoler dans les listes d’attente. Si le gouvernement n’a cessé de revendiquer un système plus lisible, notamment en publiant l’algorithme présidant au fonctionnement de Parcoursup, c’est à l’inverse une grande opacité qui a été ressentie dans de nombreuses familles.

Prise en compte des notes de telle ou telle matière du lycée, de la filière de bac du candidat, du lycée d’origine, de la lettre de motivation, des activités extrascolaires… les différents critères ont donné lieu à toutes les théories. Et à l’incompréhension de voir un camarade, jugé moins bon, mieux classé à l’entrée de telle ou telle formation. Sans compter les nouveaux quotas géographiques, qui ont nourri les craintes de discrimination, à tort ou à raison, ou encore l’instauration d’un taux minimum de boursiers.

Si rien ne permet de savoir pour l’heure si l’orientation a pu être améliorée, si les candidats trouveront finalement une place qui leur convient à la rentrée, ou encore si les taux de réussite à l’université vont progresser, ce nouveau système part déjà avec un handicap : l’ombre de la suspicion, peu propice à la sérénité. La réforme était ambitieuse, mais le gouvernement semble avoir confondu parfois vitesse et précipitation, donnant le sentiment à une partie de ce millésime de bacheliers d’avoir essuyé les plâtres. A ce stade, l’appréciation ne peut être que « peut mieux faire ».