La Commission européenne soupçonne des constructeurs automobiles d’avoir mis en place une nouvelle tricherie leur permettant d’influencer en leur faveur les futures normes communes de réduction d’émissions polluantes, selon un rapport consulté mercredi 25 juillet par l’Agence France-Presse (AFP).

« Des preuves émergent que les valeurs [d’émissions polluantes] déclarées officiellement par les constructeurs ont pu être gonflées », note la Commission européenne dans un document de recherche transmis à l’AFP par le Conseil international pour des transports propres (ICCT), l’ONG à l’origine des révélations sur le « dieselgate ».

Dans ce nouveau volet possible du scandale qui entache l’industrie automobile depuis 2015, les constructeurs ne chercheraient plus cette fois à réduire frauduleusement leurs émissions, mais au contraire à les augmenter.

Gonfler les taux d’émissions pour obtenir des normes plus accommodantes

Alors que les futures voitures et utilitaires seront soumis à de nouvelles mesures harmonisées au plan mondial, dites « WLPT », les constructeurs profiteraient d’un changement de méthodologie et du passage à une nouvelle norme pour gonfler leurs taux d’émissions. Si ces véhicules sont dès le départ plus polluants, les normes à venir seront calculées de manière plus accommodante, auraient-ils raisonné.

Deux commissaires européens, Miguel Canete, chargé des actions sur le climat et de l’énergie, et Elzbieta Bienkowska, chargée de l’industrie, ont alerté l’Autriche, actuellement présidente de l’Union européenne (UE) et la Commission, mais sans jamais nommer de marque en particulier.

L’Union européenne a lancé en septembre 2017 dans le cadre de l’opération « Mobilité propre », un objectif commun de réduction des émissions de CO2, de 30 % d’ici à 2030, avec un objectif intermédiaire de – 15 % en 2025.

Les deux commissaires européens ayant lancé l’alerte disent redouter que ces taux faussés modifient par ricochet les objectifs qui seront fixés pour 2025, puis 2030. Le rapport encourage la Commission à ne plus baser ses calculs sur les valeurs déclarées par les constructeurs, mais sur les valeurs mesurées.

Interrogé par l’AFP, le constructeur allemand BMW a affirmé « faire tout son possible » pour parvenir à l’objectif ambitieux fixé par l’UE tout en assurant se conformer aux outils de mesures réglementaires. De son côté le français PSA dit effectuer ces mesures en « toute transparence » sous le contrôle d’organismes tiers indépendants.