L’avis du « Monde » - A voir

En plein cœur de l’été, une petite comédie familiale déjantée, courte et enlevée : que demander de plus ? Dans le premier long-métrage de Julien Guetta, scénario brindezingue et acteur paranormal en la personne d’Eric Judor s’allient à merveille. Ce dernier – dont la présence comique dans le cinéma français comme acteur et comme réalisateur est des plus précieuses – incarne ici Alex, un grand garçon célibataire de quarante-trois ans qui travaille dans sa superbe tenue jaune canari comme dépanneur automobile dans l’entreprise dirigée par sa mère (Brigitte Roüan), qui le couve comme un adolescent et désespère de lui. Tout commence au bord d’une route, alors qu’Alex, à la fin de sa journée de travail, est arraisonné par une conductrice en panne, possiblement sous substance, qui entreprend à son endroit une intense campagne de séduction pour qu’il la dépanne. De fil en aiguille, Alex se retrouve à passer la nuit en sa compagnie, mais au matin la belle a disparu et Alex se retrouve avec trois enfants sur les bras, dont il n’est pas assuré que la jolie fille soit la mère, et dont surtout personne, ni police ni hôpital, en dépit des protestations d’Alex, ne veut le dispenser d’assumer la charge.

Gérer la catastrophe

Cet enclenchement absurde inaugure, avec la logique de fer qui caractérise cette catégorie de l’esprit, une série d’événements plus improbables les uns que les autres. Tenu par l’impossibilité morale d’abandonner les enfants à leur sort (un bébé qui braille, un garçonnet trash nommé Kurt et une adolescente hors de ­contrôle), Alex part en quête de leur mère avec l’aide d’une assistante sociale (Laure Calamy), qui se trouve être une ex-amante jadis larguée sans élégance, également flanqué d’une amante du moment envers laquelle il n’a pas davantage envie de s’engager, le tout sans oser en dire un mot à sa propre mère et sans vraiment réussir à justifier ses absences de plus en plus longues au travail.

Le film évolue insensiblement entre la logique surréelle qui le propulse et le virage à la fois moral et sentimental qui l’apaise et le clôt

Une bonne partie de la tâche dévolue au héros de ce film, et dans laquelle l’acteur Eric Judor est passé maître, consiste donc à gérer la catastrophe. Par ailleurs, garçon trop gentil, maladroit et immature, Alex se trouve au milieu du gué : enfant unique et sans vergogne à l’égard de sa mère qui voudrait le voir reprendre l’entreprise familiale en difficulté, il développe par ailleurs à l’égard des enfants que le destin lui a collés sur les bras un sentiment de ­responsabilité.

Une sorte de récit de formation transfiguré, avec lequel on pressent un certain degré d’intimité chez le réalisateur, se dévoile ainsi à travers le personnage d’Alex, qui l’amène à soupeser les avantages et les inconvénients d’une mère surprotectrice comme la sienne et d’une mère comme celle des enfants qu’il a recueillis. A cette aune, le film lui-même évolue insensiblement entre la logique surréelle qui le propulse et le virage à la fois moral et sentimental qui l’apaise et le clôt. Il n’est pas assuré qu’une telle édulcoration rende justice à ce que ce film compte de meilleur, en vertu duquel toutefois beaucoup lui sera ­pardonné.

BANDE ANNONCE : ROULEZ JEUNESSE
Durée : 01:31

Film français de Julien Guetta. Avec Eric Judor, Laure Calamy, Brigitte Roüan, Ilan Debrabant (1 h 24). Sur le web : www.facebook.com/LEPACTE, www.le-pacte.com

Les sorties cinéma de la semaine (mercredi 25 juillet)

A L’affiche également

  • Bajirao Mastani, film indien de Sanjay Leela Bhansali
  • C’est qui cette fille, film français et américain de Nathan Silver
  • Hôtel Artemis, film américain de Drew Pearce
  • Mamma Mia ! Here We Go Again, film américain de Ol Parker