France 2, mercredi 27 à 21 heures, téléfilm

Moins usité que le flashback, son antonyme, le flashforward est une brève intrusion du futur dans le présent. Utilisé en introduction d’Une mort sans importance, il installe d’emblée la fiction dans le drame, et les personnages dans la fatalité. Structurellement, il tue le suspense et indique que l’intérêt est ailleurs, dans le cheminement : comment ce père et son fils sont-ils arrivés là, dans un tribunal. Un procédé qui, sans être très original, stimule l’intérêt. On pense à Dostoïevski, l’écrivain russe qui affectionnait cette tournure de style.

Retour au présent. Un père, Alain Quémeneur, est séparé de sa femme, Claire, capitaine de police, avec laquelle il a eu un fils, Basile, 17 ans, dont il a la garde. Lorsqu’un vagabond est retrouvé mort, brûlé, Claire est chargée de l’enquête. Alain, lui, comprend vite que son fils et deux de ses camarades, Elliot et Mario, sont impliqués. Incapable d’affronter la réalité, il décide de faire tout et n’importe quoi pour protéger son fils, quitte à frôler la folie. Est-ce pour compenser l’absence de suspense que l’histoire est si compliquée ?

Papa poule excessif

Dans le rôle du père, Bruno Salomone plutôt connu pour ses rôles comiques (Brice de Nice (2005), Fais pas ci, fais pas ça), se métamorphose en papa poule excessif, incarnation de la faiblesse humaine. Un rôle éprouvant pour l’acteur, comme il le rapportait en janvier dans Ouest-France : « Lors des scènes, je pleurais. Quand la caméra coupait, je pleurais encore. »

Caroline Proust interprète, elle, Claire, la mère de Basile, tout en simplicité. A son côté, Amir El Kacem se fait remarquer en adjoint attentionné. Au second plan, les parents des deux autres adolescents, couples sans relief sur fond de Méditerranée, frôlent parfois la caricature : les mères pleurent, les pères agissent sans réfléchir.

Le personnage de Basile en revanche sort du lot. Il y a ici encore du Raskolnikov, héros de Crime et Châtiment, chez ce garçon rongé par le remords jusqu’à l’insupportable – « Comment peut-on vivre avec ça ? » Un rôle joué par Théo Augier, acteur franco-grec au regard creusé, auteur de Haut et fort (Fr., 2017, 18 min), avant de décrocher un des rôles principaux dans Les Grands. Et soudain, l’on attend la troisième saison, promise sur OCS à partir de septembre.

Une mort sans importance, de Christian Bonnet. Avec Bruno Salomone, Caroline Proust, Théo Augier, Amir El Kacem (Fr., 2017, 92 min). www.francetvpro.fr