TV – « The Good Fight » met la barre plus haut
TV - « The Good Fight » met la barre plus haut
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. La deuxième saison de la série confirme qu’elle reste dans la continuité de « The Good Wife » tout en la revivifiant (sur Amazon video à la demande).
The Good Fight Season 2 First Look | Rotten Tomatoes TV
Durée : 02:24
On n’imaginait pas pouvoir oublier de sitôt The Good Wife (2009-2016), et son personnage principal, l’avocate Alicia Florrick (Julianna Margulies). C’est pourtant ce à quoi est parvenue sa suite, The Good Fight (2017-2018), dont la deuxième saison est disponible sur Amazon Video.
Diane Lockhart était un personnage essentiel mais ne semblait être que « deuxième pupitre » (« second chair »), comme dit le jargon juridique anglo-saxon, derrière Alicia. Voici cette grande bringue BCBG, en fin de carrière mais toujours pimpante, parvenue au premier plan, ce que mérite amplement son interprète, Christine Baranski.
Certes cette chanteuse et actrice, également connue à Broadway, n’irradie pas le mystère assez fascinant qui était celui de Julianna Margulies dans The Good Wife, mais Baranski casse la baraque, notamment quand, elle se « lâche » grâce à l’appui de certains stupéfiants.
La saison 1 avait commencé par l’annonce, devant une Diane défaite, de l’élection de Donald Trump. Omniprésent – comme dans d’autres séries –, le président controversé constitue un matériau de premier choix pour les scénaristes qui suivent ses frasques, réelles ou supposées, d’une manière quasiment synchrone avec l’actualité.
En entrant dans un cabinet d’avocats afro-américain, Diane donne la possibilité aux créateurs d’évoquer l’autre versant du métier, où l’on voit que les préjugés – politiques ou raciaux –, quoique inversés, n’en sont pas toujours moins vifs.
Christine Baranski incarne Diane Lockart. / Elizabeth Fisher/CBS
Le récit de The Good Fight est plus « ramassé » que celui de The Good Wife et a diminué le nombre de scènes grotesques de tribunal dont The Good Wife abusait. Mais l’on rit toujours, comme au début de l’épisode 5 – tordant mais qui verse vite dans une réalité sociale assez dramatique. Si de nouveaux rôles se sont substitués à ceux de The Good Wife (avec l’arrivée notable de Rose Leslie), The Good Fight a développé l’importance de rôles mineurs déjà connus, tel celui de Marisa (la vibrionnante Sarah Steele), qui devient enquêtrice et forme un duo piquant avec l’énigmatique Jay (Nyambi Nyambi), ou celui de Luca Quinn (Cush Jumbo).
On s’amusera de voir, le temps du cinquième épisode, les auteurs faire un clin d’œil au principe moteur de la série The Affair, créée par Sarah Treem et Hagaï Levi, dont la quatrième saison est en cours sur Canal+ Séries : la même séquence d’événements est narrée d’un double point de vue en vis-à-vis.
Ritournelle instrumentale
Les oreilles cultivées auront déjà remarqué que David Buckley, le compositeur de la musique de The Good Fight, connaît ses classiques, qu’il parodiait plus ou moins allusivement dans The Good Wife. Le générique de The Good Fight – et ses images d’explosions psychédéliques qui rappellent la fin de Zabriskie Point (1970), de Michelangelo Antonioni – est fondé sur une ritournelle instrumentale extraite de L’Orfeo (1607), de Claudio Monteverdi.
Buckley détourne et développe ce thème au fil d’un grand crescendo accumulatif qui s’achève sur un fortissimo orchestral et choral. On se doute bien que ce choix ne changera pas la face du monde des séries, mais cette excentrique subtilité méritait d’être soulignée.
The Good Fight, saison 2, série créée par Robert King, Michelle King et Phil Alden Robinson. Avec Christine Baranski, Rose Leslie, (EU., 2017, 13 × 49-53 min).