Facebook va permettre aux utilisateurs de contrôler le temps qu’ils y passent
Facebook va permettre aux utilisateurs de contrôler le temps qu’ils y passent
Par Nicolas Six
Facebook et Instagram proposeront dans les semaines à venir des outils permettant de consulter le temps passé sur ces applications et d’envoyer une alerte en cas d’usage excessif.
Dans les semaines qui viennent, Facebook et Instagram proposeront deux outils visant, disent-ils, à éviter la surconsommation de leurs réseaux sociaux, comme ils l’ont annoncé mercredi 1er août. Un tableau de bord permettra de prendre connaissance du temps passé sur leurs applications, d’abord en moyenne journalière, puis si l’utilisateur le souhaite, sur les sept derniers jours. Il sera possible de fixer une limite quotidienne de temps à ne pas dépasser. Une fois ce seuil franchi, l’application émettra une alerte purement informative.
La consommation journalière de Facebook est indiquée sur une semaine, en minutes. / FACEBOOK
Au cas où l’utilisateur souhaiterait se concentrer sans être dérangé, un menu permettra de couper les notifications de Facebook ou d’Instagram pendant une période de temps allant de quinze minutes à huit heures. Pendant ce laps de temps, il demeurera possible de consulter ses notifications, mais seulement en ouvrant l’application.
A droite, on peut réduire au silence les notifications pendant un laps de temps choisi par l’utilisateur. / Instagram
Selon le site spécialisé The Verge, ces fonctions seront inaugurées dans la prochaine version des applications Facebook et Instagram, disponibles dans les semaines à venir. Pour y accéder, il faudra néanmoins creuser dans les menus de Facebook : presser sur le menu de paramétrage de l’application, reconnaissable à trois tirets empilés l’un sur l’autre puis cliquer sur la rubrique « Votre activité » d’Instagram ou la rubrique « Votre temps » sur Facebook.
Etudes de santé
Cette annonce intervient alors qu’Apple et Google ont annoncé la création d’outils d’aide à la déconnexion très similaires à ceux de Facebook et Instagram, prévus pour les prochaines versions d’iOS et Android, les logiciels centraux les plus populaires sur smartphone. YouTube a également instauré des alertes suggérant à ses utilisateurs de faire des pauses.
Depuis quelques années, les géants de l’Internet font face à des critiques scientifiques. En 2016, une étude de l’université de Pittsburg a mis en évidence une augmentation de l’insomnie chez les utilisateurs de réseaux sociaux. En 2017, une étude publiée dans le Journal américain de médecine préventive a révélé que ses plus grands utilisateurs se sentaient particulièrement isolés socialement.
Même si certaines études, portant notamment sur la dépression et l’anxiété, ne mettent pas en évidence une responsabilité des réseaux sociaux, deux chercheurs de Facebook reconnaissent eux-mêmes dans un article intitulé « Est-il mauvais de passer du temps sur les réseaux sociaux ? » que l’impact psychologique du service peut être en partie négatif :
« Une étude conjointe des universités de San Diego et de Yale a montré que les personnes qui cliquaient quatre fois plus de liens que la moyenne, ou qui “likaient” deux fois plus de messages, se considéraient en moins bonne santé psychique que la moyenne. »
« Positif et inspirant »
En 2016, Tristan Harris, alors éthicien chez Google, a quitté l’entreprise pour se focaliser sur son association Time Well Spent (Temps bien dépensé). Sur le site Internet de l’association, Tristan Harris dénonce la « course à l’attention » que se livrent Facebook, Twitter, Instagram et Google. Il souligne que ces entreprises « recourent à des techniques de plus en plus persuasives pour nous garder englués [dans leurs services] ». Dans un billet publié le 4 janvier, Marck Zuckerberg en personne, le PDG de Facebook, a évoqué cette question, en fixant comme objectif que le temps passé sur Facebook soit « du temps bien dépensé ».
Les outils d’aide à la déconnexion de Facebook et Instagram répondent donc aux critiques scientifiques et éthiques. « Nous souhaitons que le temps passé sur Facebook soit intentionnel, positif et inspirant », soutiennent Ameet Ranadive, d’Instagram, et David Ginsberg, de Facebook, dans le communiqué publié mercredi. « Nous avons développé ces outils en collaboration avec des experts de la santé mentale, des universitaires, et en nous appuyant sur nos recherches approfondies et sur les retours de nos utilisateurs. »