Au procès d’Harvey Weinstein, sa défense s’appuie sur la correspondance au ton « chaleureux » d’une des victimes présumées
Au procès d’Harvey Weinstein, sa défense s’appuie sur la correspondance au ton « chaleureux » d’une des victimes présumées
Les avocats du créateur du studio américain Miramax ont tenté d’obtenir un recours en annulation de la procédure.
Harvey Weinstein en juillet au tribunal de New York. / Jefferson Siegel / AP
S’appuyant sur des extraits de correspondance, la défense d’Harvey Weinstein a affirmé vendredi 3 août qu’une des victimes présumées du producteur américain et son client avaient entretenu une relation amoureuse suivie durant plusieurs années après les faits allégués. Dans un recours en annulation de la procédure qui comprend plus de 150 pages, les avocats d’Harvey Weinstein ont produit de nombreux extraits de correspondances qui témoignent, selon eux, d’une idylle qui se serait prolongée au moins jusqu’en 2017.
La femme en question, dont le nom n’a pas été révélé publiquement, est la seule parmi les trois victimes présumées figurant dans l’acte d’accusation qui aurait été victime de viol, les deux autres ayant fait état d’agressions sexuelles.
Un ton « clairement chaleureux »
Selon son témoignage, les faits seraient intervenus en mars 2013. Certains emails produits par la défense de M. Weinstein datent de quelques semaines seulement après les faits présumés et montrent que la victime a cherché, à de nombreuses reprises, à revoir le producteur. « J’espère pouvoir te croiser aujourd’hui », « je peux déjeuner si tu as le temps », disent certains messages.
La défense a souligné que le ton employé par la victime présumée est « clairement chaleureux ». « Je t’aime, toujours. Mais je déteste avoir l’impression d’être un plan cul », écrit la femme dans un email daté du 8 février 2017. Pour les avocats d’Harvey Weinstein, cette expression montre que la victime présumée « semble reconnaître la nature consensuelle et intime de sa relation avec M. Weinstein ».
La correspondance présentée par la défense montre également que la femme a cherché à présenter sa mère à son agresseur présumé plus d’un an après l’incident allégué. Certains messages montrent aussi qu’elle a sollicité Harvey Weinstein pour l’aider à décrocher un emploi ou devenir membre d’un club privé.
La défense est emmenée par l’avocat new-yorkais Benjamin Brafman, qui a notamment conseillé Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire Nafissatou Diallo.
Pour tenter d’affaiblir encore davantage l’acte d’accusation, la défense rappelle que les deux autres incidents imputés à l’ex-magnat de Hollywood remontent à douze et quatorze ans.
A l’origine de #Metoo
M. Weinstein a été interpellé fin mai à New York, huit mois après la publication des premières accusations de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle et de viol le visant. Il a été inculpé de viol, d’« acte sexuel forcé » et de fellation forcée.
Harvey Weinstein a reconnu plusieurs relations avec des femmes qui se présentent comme victimes, notamment la principale victime présumée du dossier pénal, mais a toujours soutenu que ces rapports étaient consentis.
Depuis que le scandale sur les abus sexuels présumés du producteur a éclaté en octobre 2017, près d’une centaine de femmes – dont des stars comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Salma Hayek– ont affirmé avoir été victimes de l’ancien géant de Hollywood.
Même en cas d’abandon des charges liées à ce viol présumé, le créateur du studio Miramax serait encore passible de la réclusion criminelle à perpétuité pour les deux autres faits retenus contre lui.
Ces accusations ont déclenché le mouvement de libération de la parole des femmes sur les réseaux sociaux #MeToo.
Mais les accusations d’agressions sexuelles ou de viols visant des hommes de pouvoir débouchent très rarement sur des condamnations, ou même des procès. Si des enquêtes de police sont en cours dans plusieurs dossiers, Harvey Weinstein est ainsi, à ce jour, la seule personnalité mise en cause depuis octobre 2017 à être poursuivie pénalement.
Fin avril, la décision d’un jury de Pennsylvanie de déclarer coupable d’agression sexuelle le comédien américain Bill Cosby a été considérée comme le premier verdict de l’ère #MeToo, mais de nombreux observateurs ont prévenu qu’il pourrait s’agir d’une exception.