En Espagne, le littoral méditerranéen reste accessible [1/3]
En Espagne, le littoral méditerranéen reste accessible [1/3]
Par Jérôme Porier
Les prix de l’immobilier ont fortement rebondi en Espagne, mais ils restent abordables au sud de la côte méditerranéenne.
En Espagne, le souvenir de la crise s’efface peu à peu. En 2017, les prix de l’immobilier résidentiel ont rebondi de 7,6 % en moyenne. Il s’agit de la quatrième année de hausse d’affilée. L’économie espagnole va beaucoup mieux : la croissance a atteint 3,1 % en 2017, au-dessus des 3 % pour la troisième année consécutive. Cet été, la fréquentation touristique a battu des records.
La crise immobilière espagnole aura duré huit ans. « Ses stigmates restent bien visibles : entre 2007 et 2011, les prix ont été divisés par deux en moyenne », rappelle Patrick Crosset, fondateur du site acheterenespagne.fr. En 2017, 516 000 transactions ont été enregistrées dans le pays (+16,7 %). selon le notariat espagnol. On reste loin des 800 000 ventes de 2007, mais pour mesurer le chemin parcouru, il suffit de savoir que le marché était tombé à 320 000 ventes en 2011. En 2018, entre 550 000 et 600 000 transactions sont attendues.
Si les prix ont retrouvé leur sommet dans les sites les plus touristiques comme aux Baléares ou à Marbella, la célèbre station balnéaire de la Costa del Sol, ils demeurent à des niveaux inférieurs à ce qu’ils étaient il y a dix ans sur la plus grande partie du territoire. Sur un an, Madrid, Valence et Malaga progressent de 15 à 20 %, tandis que Bilbao, Séville, Cadix et Alicante affichent des hausses comprises entre 5 % et 10 %. Les prix sont stables à Barcelone en raison de l’instabilité politique en Catalogne, qui pousse les acheteurs à l’attentisme. Du côté des îles, les tarifs sont en augmentation de 10 % par an aux Canaries et de 15 % aux Baléares.
Infographie Le Monde
Les Français, premiers acheteurs devant les Britanniques
A partir de 2011-2012, les achats réalisés par des étrangers ont été les catalyseurs de la reprise. En 2017, pour la première fois, ils ont atteint la barre des 100 000 transactions, soit 20 % des acquisitions. Près de 8 600 acheteurs français auraient ainsi concrétisé un projet immobilier en Espagne l’an passé, ce qui fait d’eux les seconds acheteurs étrangers derrière les Britanniques et devant les Allemands et les Belges. Dans les îles, la proportion d’acheteurs étrangers atteint le niveau record de 40 % aux Baléares et aux Canaries.
Sur le continent, la Costa Brava et la Costa del Sol restent les destinations les plus recherchées des Français. « Quand les Allemands achètent dans les îles, les Français ciblent d’abord la Catalogne, près de la frontière française, en particulier la Costa Brava. Outre Barcelone et Sitges, ils sont nombreux à Gérone, Figueras, Roses, Lloret de Mar… », explique Caroline Zak, directrice d’Immobilier-en-espagne.com.
L’ancien village de pêcheurs de Cadaqués, où habitait Salvador Dalí, est ainsi devenu une villégiature de luxe. De par sa proximité avec Barcelone et la France, cette station balnéaire de la péninsule Cap de Creus séduit une clientèle internationale. Le prix des plus belles villas du front de mer peut monter jusqu’à 10 000 euros le mètre carré. Moins chères, Roses et Castell Platja d’Aro attirent également les étrangers.
Heureusement, il reste des sites abordables, à condition de prospecter plus au sud. A Tarragone, accessible en train rapide depuis la France, le prix du mètre carré pour une belle maison ne dépasse pas 1 100 euros, et il tombe à 933 euros à Lerida, dans l’arrière-pays, aux portes de l’Aragon.
« Depuis quelques années, les Français sont nombreux à acheter à Valence et à Alicante (photo), deux villes qui possèdent un aéroport international, trois cents jours de soleil par an, et où il est possible d’acheter pour 2 000 à 3 000 euros le mètre carré ». / Richard Cummins/robertharding / Photononstop
Près d’Alicante, les prix sont doux également. « Dans le beau village d’Altea, à moins de quinze minutes de la mer en voiture, une villa de 200 mètres carrés avec piscine vaut entre 200 000 et 250 000 euros », indique Thomas Rouer, fondateur de jacheteenespagne.com.
« Plus on descend vers le sud, plus les prix sont abordables », confirme Emmanuel Virgoulay, représentant du réseau Barnes en Espagne. Depuis quelques années, les Français sont nombreux à acheter à Valence et à Alicante, deux villes qui possèdent un aéroport international, trois cents jours de soleil par an, et où il est possible d’acheter pour 2 000 à 3 000 euros le mètre carré.
Les prix très doux de l’Andalousie
« Les tarifs ont beaucoup augmenté à Valence, qui est la troisième ville espagnole, mais ils restent encore à 20 % de leur pic de 2007 », commente Ludovic Larue, responsable du réseau Athena Advisers en Espagne. Il faut compter une mise minimum de 120 000 - 130 000 euros pour un deux-pièces de 65 mètres carrés, avec souvent des travaux à prévoir. « Pour rénover un logement, il faut planifier un budget allant de 300 euros à 1 000 euros par mètre carré selon l’état du bien », précise M. Rouer.
« En Andalousie, au sud de l’Espagne, à Cadix, à Séville ou à Grenade, le prix du mètre carré oscille entre 1 500 euros et 2 000 euros ». / Schmid Reinhard/Sime / Photononstop / Schmid Reinhard/Sime / Photononstop
Contrairement aux Britanniques, rares sont les acheteurs français à s’aventurer jusqu’en Andalousie, au sud de l’Espagne. A tort, car les prix y restent très accessibles : à Cadix, à Séville, à Grenade, le prix du mètre carré oscille entre 1 500 euros et 2 000 euros. A Almeria, les tarifs peuvent tomber à moins de 1 000 euros ! « A Cadix, un bel appartement de 100 mètres carrés face à la mer coûte environ 200 000 euros. C’est l’un des endroits d’Espagne où se situent actuellement les meilleures opportunités », insiste M. Crosset.
Malgré un bond de 20 % en 2017, les prix restent accessibles à Malaga, autour de 2 000 euros par mètre carré. En revanche, sa voisine Marbella devient cher, très cher. Dans le très haut de gamme, le prix du mètre carré peut atteindre 20 000 euros à Los Monteros, célèbre pour sa plage de sable blanc située à l’Est de Marbella. Sur la « Golden Mile » de Marbella, qui va du centre de la ville jusqu’à Port Banus, les villas modernes avec vue sur l’océan continuent d’attirer les riches étrangers, malgré des prix pouvant aller jusqu’à 10 000 euros le mètre carré.