En Libye, 45 miliciens du régime de Kadhafi condamnés à mort
En Libye, 45 miliciens du régime de Kadhafi condamnés à mort
Plus de 100 personnes étaient jugées dans l’affaire du « périphérique d’Abou Slim », un quartier de Tripoli où des manifestants avaient été tués en 2011.
Des Libyens fêtent la « libération » de Tripoli par les rebelles anti-Kadhafi, en août 2011. / FILIPPO MONTEFORTE / AFP
La cour criminelle de Tripoli a condamné à mort, mercredi 15 août, 45 miliciens accusés d’avoir tué des manifestants protestant contre le régime de Mouammar Kadhafi pendant la révolte populaire de 2011, a indiqué le ministère libyen de la justice. C’est la première fois depuis la fin de la révolte qui renversa le dictateur Kadhafi qu’un si grand nombre de personnes sont condamnées à mort dans un seul procès.
Selon un communiqué du ministère, divers jugements ont été prononcés à l’encontre de 122 personnes, toutes en détention et jugées dans cette affaire connue sous le nom du « périphérique d’Abou Slim », un quartier de la capitale libyenne qui était acquis au régime Kadhafi : 45 miliciens ont été condamnés à mort par fusillade, 54 personnes à cinq ans de prison et 22 accusés ont été acquittés, tandis qu’une personne jugée dans ce procès qui dure depuis des années a été libérée dans le cadre d’une amnistie. Trois dossiers avaient été clos pour une raison non précisée et trois autres car les accusés sont morts.
L’affaire remonte au 21 août 2011, date du début de la « libération » de Tripoli, six mois après le déclenchement de la révolte. Des miliciens pro-Kadhafi avaient alors ouvert le feu et tué des dizaines de manifestants près du quartier d’Abou Slim. Mouammar Kadhafi, qui a dirigé pendant des décennies la Libye d’une main de fer, a été capturé et tué par les rebelles en octobre 2011 près de sa ville natale de Syrte.
Plaque tournante du trafic de migrants
Depuis, ce riche pays pétrolier est plongé dans l’instabilité, avec deux autorités politiques rivales, le gouvernement d’union nationale à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, et un cabinet parallèle dans l’est du pays, soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar. En outre, faute d’un pouvoir central structuré, la Libye est devenue une plaque tournante du trafic de migrants vers l’Europe et un repaire pour les groupes djihadistes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique dans le sud du pays.
Acteurs politiques et milices continuent de se disputer le contrôle du pays, rendant incertaine toute échéance électorale voulue par les Occidentaux, notamment la France. Réunis à Paris fin mai par le président Emmanuel Macron, quatre protagonistes du conflit s’étaient engagés, sans pourtant signer de texte, à organiser des élections avant la fin de l’année. Mais un référendum doit être organisé sur un projet de Constitution, et une loi électorale rédigée et adoptée avant d’éventuelles élections.
Entre-temps, le quotidien des Libyens, désabusés, est de plus en plus difficile. Les services sont défaillants et ils doivent faire face à des pénuries d’électricité, de carburant et de liquidités en plus d’une hausse vertigineuse des prix des produits de base.